© Reuters. PHOTO DE DOSSIER: Le président français Emmanuel Macron part après une déclaration conjointe avec le Premier ministre letton Krisjanis Karins à l’Elysée à Paris, France, le 1er décembre 2021. Christophe Petit Tesson/Pool via REUTERS
Par John Irlandais
DOHA (Reuters) – Le président français Emmanuel Macron s’est entretenu samedi en face à face en Arabie saoudite avec le prince héritier Mohammed bin Salman, devenant ainsi le premier grand dirigeant occidental à se rendre dans le royaume depuis le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi en 2018.
Macron considère que l’Arabie saoudite est vitale pour aider à forger un accord de paix régional avec l’Iran, ainsi qu’un allié dans la lutte contre les militants islamistes du Moyen-Orient à l’Afrique de l’Ouest, et un rempart contre les Frères musulmans.
La France est l’un des principaux fournisseurs d’armes de l’Arabie saoudite, mais elle subit une pression croissante pour revoir ses ventes en raison de la coalition dirigée par l’Arabie saoudite qui combat les rebelles houthis alignés sur l’Iran au Yémen, aujourd’hui l’une des pires crises humanitaires au monde.
Alors que les relations entre Paris et Riyad étaient plus chaleureuses sous le prédécesseur de Macron, François Hollande, la France n’a pas récolté les fruits des affaires.
La relation s’est refroidie ces dernières années malgré que Macron, avant le meurtre de Khashoggi, ait exhorté les détracteurs à donner du temps au leader en attente de 33 ans.
En arrivant à Djeddah, ville côtière de la mer Rouge, Macron a échangé une chaleureuse poignée de main avec ben Salmane.
Tous deux ont souri avant d’entamer des pourparlers qui comprenaient le dossier nucléaire iranien et le Liban, sur lesquels Macron a déclaré qu’il s’était engagé par ben Salmane à se réengager pour trouver une solution à la crise malgré sa méfiance à l’égard du poids du Hezbollah soutenu par l’Iran.
Vendredi, Macron avait rejeté les accusations selon lesquelles il légitimait le prince héritier, ajoutant que les multiples crises de la région ne pouvaient pas être traitées en ignorant le royaume.
« Nous avons parlé d’absolument tout, sans aucun tabou et nous avons évidemment pu évoquer la question des droits de l’homme », a déclaré Macron aux journalistes après sa rencontre avec ben Salmane.
« C’était un échange direct, je l’espère, efficace. J’ai toujours la même approche d’essayer de préserver ce canal avec les dirigeants pour obtenir des résultats tangibles. »
Les contrats récents ont été peu nombreux, la plupart étant centrés sur le projet touristique d’Al-Ula qui vise à faire revivre l’histoire nabatéenne du royaume, dans le cadre de la campagne de diversification de l’Arabie saoudite pour sevrer son économie des revenus pétroliers.
La visite de Macron intervient à un moment où les États arabes du Golfe ont exprimé leur incertitude quant à l’accent mis par les États-Unis sur la région alors même qu’ils cherchent plus d’armes à Washington.
L’Arabie saoudite a été frustrée par l’approche de l’administration du président américain Joe Biden, qui a fait pression sur Riyad pour son bilan en matière de droits humains et la guerre au Yémen et a publié des renseignements liant ben Salmane au meurtre de Khashoggi.
Le prince héritier a nié toute implication dans le meurtre du journaliste au consulat d’Istanbul à Riyad, un incident qui a suscité l’indignation mondiale et terni l’image du prince Mohammed.
« Que ce soit l’objectif ou non, (ce voyage) contribue à une politique de réhabilitation du prince saoudien », a déclaré Agnès Callamard, secrétaire générale du groupe de défense des droits Amnesty International. « Cela me peine que la France, pays des droits de l’homme, soit l’instrument de cette politique.
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