Une heure et vingt-cinq minutes, pour l’éternité. Soit le temps pendant lequel Kamala Harris a assumé les fonctions de présidente des Etats-Unis. Ce jour-là, le 19 novembre, Joe Biden, 79 ans, subissait une coloscopie de routine. Ce remplacement éclair est intervenu à un moment délicat pour la vice-présidente. Les interrogations se multiplient dans la presse, mais aussi au Parti démocrate, sur sa capacité à incarner l’avenir. A rassurer les Américains, en cas de défaillance du commandant en chef. A s’imposer comme la candidate naturelle de son camp pour la suite, après les élections de la mi-mandat, dans onze mois. Le 1er décembre, Politico a révélé le départ imminent de sa porte-parole, Symone Sanders, quelques semaines après celui d’Ashley Etienne, directrice de la communication.
Le problème vient moins des sondages – sa courbe suit celle du président, en baisse depuis août – que de sa difficulté à trouver sa voie et sa voix. Agée de 52 ans, Kamala Harris doit à la fois démontrer sa loyauté envers le président et imposer sa personnalité, elle, première femme à ce poste, aux origines si riches, de père jamaïcain et de mère indienne. Si Hillary Clinton – malgré son long parcours politique – a connu les préjugés, le sexisme et le procès en illégitimité, il faut imaginer ce que subit la vice-présidente américaine. Ses gestes et ses mots sont scrutés, à la recherche du moindre écart.
Sa récente visite officielle à Paris l’a illustré. Elle devait permettre à Kamala Harris – ancienne procureure générale de Californie, puis sénatrice de cet Etat pendant quatre ans – de renforcer sa crédibilité à l’étranger. Tout en poursuivant la relance de la relation bilatérale avec la France, la vice-présidente a participé à la conférence internationale sur la Libye. Lors de son accueil à l’Elysée, Emmanuel Macron lui a proposé une visite du palais, en toute décontraction. Selon l’entourage du chef de l’Etat français, le long entretien officiel qui a suivi fut riche et studieux, la vice-présidente américaine manifestant en particulier un fort intérêt pour l’espace, au-delà des dossiers attendus comme l’Ukraine ou la sécurité en ligne.
Poste privilégié mais ingrat
Pourtant, c’est un épisode insignifiant du séjour qui a traversé l’Atlantique. Avec son mari, Doug Emhoff, Kamala Harris s’est rendue dans un magasin renommé d’ustensiles de cuisine, près des Halles à Paris. Elle a contemplé le mur de casseroles en cuivre, avant de faire son choix. Comment pouvait-elle prévoir la polémique que déclencheraient, au cours des jours suivants, certains sites conservateurs américains, soulignant le montant de ses acquisitions (environ 500 dollars soit un peu plus de 440 euros) ? Et ce, juste après l’avoir raillée pour avoir supposément imité l’accent français lors d’une visite à l’Institut Pasteur. Mais ces controverses à mèche courte révèlent aussi, parfois, un manque de vigilance de la vice-présidente. Fin septembre, elle n’avait pas corrigé un étudiant qui évoquait devant elle le « génocide ethnique » auquel se livrerait Israël contre les Palestiniens, obligeant son cabinet à lancer une campagne de déminage auprès des organisations juives.
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