Vice-président de la Commission européenne, chargé de la « promotion du mode de vie européen », le Grec Margaritis Schinas est aussi l’artisan du « pacte global pour la migration » dévoilé à l’automne 2020 et toujours en discussion.
Le naufrage de migrants partis de Calais a illustré tragiquement la nécessité de définir une politique migratoire européenne, mais aussi de reparler des rapports avec Londres. Quel est votre regard sur cette affaire ?
Les partisans du Brexit ont affirmé qu’ils assumeraient le contrôle des frontières de leur pays. Quand nous avons négocié le traité de partenariat, nous voulions un chapitre sur l’immigration et l’asile, ce qui aurait permis de gérer de telles situations. Les Britanniques ont refusé. Aujourd’hui, ils nous disent « Débrouillez-vous, reprenez les migrants ! » et affirment, en même temps, vouloir œuvrer en commun à une solution. C’est incohérent et je me demande s’ils ne veulent pas simplement faire porter à l’Europe tout le poids des responsabilités. Toutefois, s’ils veulent s’engager vraiment, nous sommes prêts à discuter.
A la frontière entre la Biélorussie et la Pologne, on évoque, sans que la presse ou des eurodéputés puissent le vérifier, une « désescalade ». Est-elle réelle ?
Oui, et elle est le fruit de l’action conjointe que les Européens ont pu mener. Nos menaces de sanctions contre les transporteurs qui ont alimenté le trafic de personnes, mes propres déplacements dans les pays d’origine, notre coopération avec le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés pour aider les victimes encore dans la zone frontalière, et notre aide pour les programmes des retours : tout cela a eu des effets bénéfiques. Nous assurons le financement de retours et venons d’autoriser des mesures exceptionnelles permettant aux pays membres concernés de déroger temporairement à certaines règles du droit d’asile.
La Pologne conteste le principe même de ces règles. Comment jugez-vous l’attitude de ce pays qui semble, pour beaucoup, avoir instrumentalisé cette crise à son profit ?
La situation telle qu’elle a été créée à la frontière n’était pas une affaire ordinaire et n’avait rien à voir avec la migration. C’était une attaque de masse, majeure, planifiée, hybride [l’Union européenne a accusé le président biélorusse, Alexandre Loukachenko, d’avoir orchestré la venue de milliers de migrants]. Il fallait donc faire face, mais de manière proportionnée, avec un ancrage dans nos valeurs. C’est d’ailleurs pour cela que la Commission a présenté, mercredi 2 décembre, des mesures provisionnelles et un cadre juridique, pour une durée de six mois, afin d’affronter une situation exceptionnelle.
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