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Electricité : la libéralisation du marché européen suscite des critiques

Barbara Pompili, lors d’une réunion des ministres de l’environnement de l’Union européenne, à Bruxelles, en décembre 2020. FRANCISCO SECO / AFP

Un quart de siècle après sa libéralisation, le marché européen de l’électricité, « aberrant », obéit à des règles « obsolètes ». Du moins selon les mots, fin septembre, d’un observateur aussi critique qu’inattendu : Bruno Le Maire, le ministre français de l’économie, des finances et de la relance.

Jeudi 2 décembre, c’était au tour de sa collègue de la transition écologique, Barbara Pompili d’évoquer ce dossier : juste avant une réunion à Bruxelles avec les autres ministres chargés de l’énergie dans les pays membres de l’Union européenne (UE), elle a plaidé pour « une autre manière d’aborder » ce marché et celui du gaz, afin que « les consommateurs ne soient pas victimes » des fluctuations des prix. Un sujet urgent car, depuis l’été, les cours repartent aussi fort que l’activité économique.

Selon les pistes envisagées par Mme Pompili, la réponse pourrait passer par le retour de contrats à long terme. Ou la constitution de réserves communes de gaz, comme l’Espagne l’avait déjà réclamé. En France, si l’exécutif se borne à vouloir amender la mise en concurrence, d’autres veulent sortir de cette logique et revenir au monopole public d’EDF pour l’électricité et d’Engie (ex-GDF Suez) pour le gaz.

L’énergie doit se concevoir comme un « bien commun » insoluble dans le marché, selon les députés communistes. A l’Assemblée nationale, leur proposition de loi organique pour une protection des biens communs, inscrite à l’ordre du jour le 2 décembre, fait écho à leur proposition de résolution qui demandait, en 2020, « un rapport sur l’évaluation de la privatisation des entreprises publiques, et sur les conséquences de la dérégulation du secteur de l’énergie ».

Un marché qui « surréagit »

Dans le pays, certains préféreront souligner les avantages du marché. « L’interconnexion européenne permet la sécurité d’approvisionnement : c’est indispensable à la France quarante jours par an », insistait Jean-François Carenco, président de la Commission de régulation de l’énergie (CRE), autorité administrative indépendante chargée de veiller aux marchés de l’électricité et du gaz en France, dans un entretien au Monde, en octobre. De surcroît, les liaisons transfrontalières permettent au pays d’exporter une partie excédentaire de sa production électrique.

A l’inverse, et sans vouloir trancher le débat, des économistes rappelleront aussi l’impasse actuelle de la libéralisation. La production électrique française a beau provenir en majorité de son parc nucléaire, les prix de l’électricité sur le marché se plient au coût marginal d’autres centrales de la plaque européenne – celles au gaz en Allemagne, par exemple. Soit le coût nécessaire à la mise en route de la dernière centrale appelée pour assurer l’équilibre entre l’offre et la demande.

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