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Emmanuel Macron et ses embarrassants alliés du Golfe

Emmanuel Macron accueille le prince héritier d’Abou Dhabi, Mohammed Ben Zayed, au château de Fontainebleau (Seine-et-Marne), le 15 septembre 2021. STEFANO RELLANDINI / AFP

Le président français, Emmanuel Macron, entreprend, vendredi 3 décembre, une visite de deux jours dans trois monarchies du Golfe, avec lesquelles Paris entretient une relation à double tranchant. Ce voyage aux Emirats arabes unis (EAU), au Qatar et en Arabie saoudite survient une dizaine de jours après les révélations du site Disclose sur les dérives de la coopération antiterroriste franco-égyptienne, accusée de conduire à des exécutions extrajudiciaires.

Clients de l’industrie d’armement hexagonale, considérés à l’Elysée comme des interlocuteurs utiles dans la lutte contre le terrorisme, les régimes visités constituent trois partenaires-clés de Paris au Proche-Orient, mais ils sont aussi des alliés embarrassants du fait de leur propension à malmener les droits humains.

Le président de la République débutera sa tournée vendredi matin par une halte de quelques heures à Dubaï, la capitale touristico-commerciale des EAU. Il y rencontrera le patron de fait de la fédération émiratie, le très autoritaire Mohammed Ben Zayed, dit « MBZ », prince héritier de l’émirat voisin d’Abou Dhabi. Le déplacement se poursuivra le même jour par un dîner à Doha, la capitale du Qatar, avec le souverain local, Tamim Ben Hamad Al Thani. La cité-Etat fait face à de nombreuses critiques sur les conditions de travail des migrants affectés à la préparation de la Coupe du monde de football, organisée sur son sol, du 21 novembre au 18 décembre 2022.

Le voyage s’achèvera samedi avec une étape à Djedda, le grand port de l’Ouest saoudien, où M. Macron s’entretiendra avec le sulfureux Mohammed Ben Salman, « MBS », le prince héritier, sur lequel flotte toujours l’ombre de Jamal Khashoggi, le journaliste saoudien assassiné en octobre 2018, dans le consulat du royaume à Istanbul.

Course aux contrats

Officiellement, la tournée doit permettre d’approfondir les convergences entre Paris et ses partenaires du Golfe dans trois domaines : la lutte contre le terrorisme et le financement des mouvements islamistes radicaux ; la stabilisation du Proche-Orient, avec des échanges attendus sur la débâcle économique libanaise, la prochaine élection présidentielle en Libye, et le nucléaire iranien ; et enfin les traditionnelles questions commerciales.

Emmanuel Macron devrait débuter son voyage par ce volet. Plusieurs contrats, dont l’Elysée a veillé à ne pas révéler la nature, devraient être signés vendredi à Dubaï. Il serait notamment question de boucler l’achat par les Emirats d’une trentaine, voire d’une soixantaine, de Rafale, l’avion de chasse déjà vendu à l’Egypte et au Qatar. Interrogé à ce sujet par des journalistes, Anwar Gargash, un proche conseiller de Mohammed Ben Zayed, a répondu sur un ton sibyllin : « Je ne veux pas dévoiler le cadeau de Noël. » La délégation française comptera plusieurs patrons, dont ceux de Safran et de Thales, deux fleurons de l’industrie de défense tricolore.

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