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Après dix ans de carrière politique éclair, l’ex-chancelier autrichien Sebastian Kurz jette l’éponge

« Je vais maintenant partir et aller chercher mon fils et ma compagne à l’hôpital. » Jeudi 2 décembre, c’est ainsi qu’a conclu Sebastian Kurz sa conférence de presse et dix années de carrière politique aussi éclair que précoce en Autriche. A 35 ans à peine, déjà deux fois ex-chancelier, le chef du puissant parti populaire (ÖVP, conservateur) a annoncé son retrait de la vie politique en brandissant la naissance de son premier enfant. Survenue quelques jours plus tôt, celle-ci lui aurait révélé « combien il y a des choses belles et importantes en dehors de la vie politique ».

Déjà forcé de démissionner de la chancellerie le 9 octobre, M. Kurz a aussi mis en avant les « accusations » de corruption qui se sont multipliées contre lui ces derniers mois. Le parquet anticorruption autrichien mène deux enquêtes en parallèle contre le leader conservateur démissionnaire, soupçonné à la fois de faux témoignages devant le Parlement et d’avoir organisé un système de sondages bidonnés en sa faveur et financés par le contribuable. « Je me réjouis du jour où je pourrai prouver devant la justice que ces accusations sont fausses », a défendu M. Kurz, qui n’est pour l’instant pas mis en examen dans ces deux dossiers.

Plus jeune retraité politique

Mais il a aussi estimé que ces affaires, qui ont entraîné des perquisitions jusqu’à la chancellerie, ont « réduit sa flamme dans la politique », alors « qu’il faut 100 % d’ardeur » pour en faire. Cette « ardeur », il l’aurait en revanche retrouvée dans la paternité. La nouvelle de ce retrait de la vie politique a surpris l’Autriche, même s’il est impossible d’exclure totalement un retour après un retrait si précoce. M. Kurz était il y a encore quelques mois l’homme politique le plus puissant de ce pays de 8,9 millions d’habitants. Régulièrement présenté comme le Wunderkind (« enfant prodige ») de la droite, il avait gravi tous les échelons du pouvoir à une vitesse fulgurante : secrétaire d’Etat à 24 ans, ministre des affaires étrangères à 27, chancelier à 31. A 35 ans, il est désormais le plus jeune retraité politique.

Lors de son ascension, il a usé sans vergogne des ficelles du marketing politique en multipliant les études d’opinion et en changeant de convictions au gré de leurs résultats, comme lors de la crise des réfugiés de 2015 qui l’avait fait basculer sur une ligne dure sur l’immigration. Il a ensuite pu aussi bien s’allier avec l’extrême droite entre 2017 et 2019, qu’avec les écologistes depuis 2020.

Image abîmée

Longtemps profondément populaire dans ce pays à la majorité conservatrice, il semble avoir sous-estimé à quel point les révélations sur les coulisses de ses succès pouvaient abîmer son image. Les SMS de plusieurs de ses proches qui ont fuité dans la presse ces derniers mois ont montré un homme politique calculateur et cassant, y compris pour son propre camp, par ailleurs en chute libre dans les sondages. Toujours influents dans ce pays fédéral, les barons régionaux de l’ÖVP, tous plus âgés, ont progressivement pris leur distance.

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