Les ouvriers y construisaient des véhicules, ils les réparent désormais : Renault a présenté mardi la transformation de son usine de Flins en « ReFactory », symbole de ses ambitions dans l’économie circulaire.
Près de la Seine au nord-ouest de Paris, des centaines de voitures d’occasion patientent devant un ancien bâtiment de cette usine qui assemble depuis 1952 des Dauphine, Supercinq, Twingo.
Depuis le mois de septembre, les concessionnaires de la région y envoient leurs occasions (très) récentes pour les faire « reconditionner », c’est-à-dire les remettre à un état presque neuf, en moins de huit jours.
Après un check-up complet, une vidange, le débosselage, la peinture, suivies d’une douche et d’une séance photo, les voitures repartent en concession pour y être vendues.
« Le site fonctionne comme une usine de véhicules neufs, avec une obsession de l’hyper-rationalisation, où chaque seconde compte », souligne Jean-Philippe Bahuaud, directeur du projet ReFactory, en présentant le site à la presse.
L’ensemble des salariés des chaînes de montage, qui construisent encore les électriques Zoé jusqu’en 2024, passeront à terme sur ces nouvelles activités.
Un employé examine une voiture dans l’usine « ReFactory » de Flins, près de Paris, le 30 novembre 2021 (AFP – Eric PIERMONT)
Dans le hangar fraîchement repeint, Gomis Formose, tôlier de formation, s’occupe de reprendre les défauts de la carrosserie. « A la chaîne c’était la routine, là je touche un peu à tout », explique l’ouvrier. « Chaque voiture a son défaut, on en apprend tous les jours. On bosse comme dans un grand garage, on se donne des coups de main ».
Le site commence aussi à s’occuper des voitures que Renault loue via ses services Zity et Mobilize, malmenées lors de leur utilisation en libre-service. « Hier on en avait une cramée de l’intérieur, qu’on a réussi à nettoyer », explique Cyril Chen, un des mécaniciens.
– 45.000 véhicules reconditionnés par an –
Lancé en septembre, le site va monter en puissance en s’ouvrant aussi aux véhicules d’autres marques : l’idée est que le site reconditionne 45.000 véhicules par an, dégageant 200 millions d’euros de chiffre d’affaires d’ici 2025.
Un bilan « bien meilleur » que s’il avait fallu fermer le site, et qui lui donne « une raison d’être », a lancé le directeur général de Renault, Luca de Meo.
Le directeur général de Renault Luca de Meo dans l’usine ReFactory de Flins, près de Paris, le 30 novembre 2021 (AFP – Eric PIERMONT)
« C’est un exemple de notre capacité à industrialiser les métiers de l’économie circulaire », dit-il. Et « ce n’est qu’un début. (…) Le projet ReFactory démontre qu’on peut être rentable et durable ».
À partir de 2022, la « ReFactory » de Flins comprendra également sur ses 237 hectares un site de « retrofit » pour convertir des véhicules thermiques en électriques, ainsi qu’un pôle chargé de réutiliser et réparer des batteries électriques (20.000 à horizon 2030) et des piles à hydrogène, et un pôle de réparation et de recyclage des pièces détachées.
Renault compte y former à terme 4.000 salariés à de nouveaux métiers et y développer un centre d’innovation et un incubateur de start-up.
Après une vague de délocalisations, dans une industrie automobile morose, le constructeur a pour ambition d’employer à Flins 3.000 salariés et d’y réaliser d’ici à 2030 « davantage de chiffre d’affaires qu’en y assemblant des voitures », en générant « plus d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires dans l’économie circulaire », selon M. De Meo.
L’objectif est également d’avoir un « bilan carbone négatif » au terme de la conversion du site, « grâce à de nouvelles activités de produits et services contribuant à éviter des émissions de CO2 », selon Renault. La marque, qui vise la neutralité carbone en 2040 en Europe, réfléchit actuellement à l’alimentation en électricité du site.
Ce modèle pourrait être répliqué : le groupe a déjà annoncé le lancement fin 2022 d’une deuxième « ReFactory » dans son usine espagnole de Séville.
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