Publié le : 01/12/2021 – 13:14
Les publicités en ligne à caractère politique prennent une place de plus en plus importante dans les campagnes électorales au sein des pays de l’Union européenne (UE). C’est la raison pour laquelle la Commission européenne envisage de réguler leur diffusion en délimitant l’usage des techniques de ciblage des internautes.
Depuis quelques années dans les pays de l’Union européenne, le ciblage publicitaire à caractère politique n’est possible qu’avec le consentement explicite des individus. Mais cette autorisation préalable qui s’appuie sur le règlement général sur la protection des données, le RGPD, est largement contournée par l’emploi des algorithmes de recommandation mis en place par les géants des réseaux sociaux. Ces systèmes informatiques automatisées terriblement efficaces orchestrent la façon dont les publications apparaissent sur le fil d’actualité des utilisateurs, en amplifiant de facto les messages publicitaires à caractère politique.
Les effets manipulatoires de ces techniques de ciblage pour influencer le vote des électeurs en Europe et à travers le monde, inquiètent la Commission européenne. « Les algorithmes de ciblage publicitaire sont devenus extrêmement sophistiqués et les individus qui les utilisent à des fins d’influence électorale savent très bien les employer. Mais la Commission européenne, n’a pas encore, à mon sens, une compréhension complète de ces outils numériques pour envisager de réguler les publicités politiques sur les réseaux, estime Philippe Moreau-Chevrolet, président de l’agence MCBG Conseil, spécialisée en stratégie d’influence pour les dirigeants d’entreprises et les personnalités politiques. Par ailleurs, rien ne sera possible sans s’assurer de la coopération des plateformes du Web social. Le coût en France d’une publicité politique en ligne est, à peu près, d’un euro par électeur, ce qui est peu en définitive comparé à d’autres pays ».
La menace des États étrangers
« En revanche ce qui me semble vraiment problématique, ajoute l’expert, c’est l’utilisation de cet argent quand il est employé pour altérer la sincérité d’un scrutin, notamment par des États étrangers qui sont spécialisés dans ce domaine et même des partis politiques en France qui utilisent et monnayent leur technique de ciblage publicitaire pour influencer le vote des électeurs. Mais je ne pense pas toutefois qu’il faille restreindre, du moins sur un plan quantitatif, l’usage des publicités politiques en ligne. J’estime plutôt qu’il faut essayer de comprendre pourquoi on assiste à ces dérives sur les réseaux sociaux de certaines campagnes électorales afin de mieux les prévenir à l’avenir »
La Commission européenne demandera aux auteurs de ces publicités de renseigner le « nom du parraineur ou de l’annonceur affiché de manière bien visible », d’apposer un « avis de transparence facilement accessible » dans lequel on trouve le montant dépensé pour cette publicité, l’origine des fonds utilisés et une indication précisant que cette publication a un lien avec tel ou tel scrutin. Les publicités contenant des informations sensibles, telles que l’origine ethnique, les convictions religieuses ou l’orientation sexuelle, seront interdites. La Commission européenne demande aux États membres de prévoir des amendes suffisamment dissuasives contre les plateformes et les annonceurs qui ne respecteraient pas ces nouvelles règles.
En revanche, un passage au Parlement européen et devant le Conseil des États membres sera nécessaire avant la mise en application des textes de lois prévus pour les prochaines élections européennes, qui se tiendront en 2024. Bien après donc la présidentielle française pour laquelle la bataille suprême des publicités politiques et la guerre d’influence électorale sur les réseaux sociaux a largement commencé.
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