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Dans la baie de San Francisco, les habitants n’en peuvent plus de l’insécurité

La page GoFundMe créée par la Oakland Chinatown Chamber Foundation afin d’aider la famille de Jasper Wu à faire face aux dépenses liées à son décès. GOFUNDME

LETTRE DE SAN FRANCISCO

Le petit Jasper Wu n’aura jamais fêté ses 2 ans. Le 6 novembre, un mois avant son anniversaire, l’enfant a été atteint d’une balle perdue alors qu’il dormait tranquillement dans son siège auto. Sa mère était au volant de la voiture, sur l’autoroute I-880, dans la périphérie d’Oakland (Californie). Il était presque 14 heures. Deux autres enfants et un adulte étaient à bord. La famille rentrait à son domicile de Freemont, dans l’est de la baie de San Francisco.

Le destin a voulu que la Lexus, qui se dirigeait vers le sud, soit prise sous le feu croisé de deux véhicules qui roulaient de l’autre côté. Jasper a été heurté en pleine tête, il a été le seul dans la voiture à être touché. A deux jours près, il aurait fêté le retour de son père. Coincé en Chine par la pandémie de Covid-19, celui-ci devait rentrer le 8 novembre à San Francisco, après la levée du « travel ban ». L’enfant a été enterré le 19 novembre dans la tristesse générale. La page GoFundMe ouverte à sa mémoire a récolté 250 000 dollars (220 000 euros).

La mort de Jasper Wu est entrée dans les annales de la violence à Oakland mais elle est loin d’être unique. Le 18 novembre, une jeune femme de 29 ans, Amani Morris, a été tuée par balle dans des circonstances comparables. Il était 9 heures du matin, elle se rendait à un entretien d’embauche à San Francisco. Son compagnon était au volant, en compagnie des enfants de 3 et 5 ans. Le tireur se trouvait dans une voiture qui a croisé la leur près du péage du pont de l’East Bay. La balle a traversé le téléphone de la jeune femme avant de l’atteindre à la tête.

Plus d’une fusillade autoroutière par semaine

Après les fusillades sur les campus, les lieux de travail ou de culte, une nouvelle catégorie a fait son apparition en Californie : les « highway shootings », ou fusillades autoroutières. Depuis janvier, la police a recensé 76 de ces incidents – dont cinq mortels – sur les rocades d’Oakland, soit plus d’un par semaine. Les motifs et auteurs des attaques ont rarement été identifiés. A plusieurs reprises, les victimes sont mortes au volant, causant par ailleurs des accidents.

Cette série vient s’ajouter à la violence intra-muros, quotidienne dans ce port de 450 000 habitants où les autoroutes servent de frontière aux anciens ghettos : 127 homicides depuis le début de l’année, soit 20 de plus que pendant la même période de 2020. Le 19 novembre, le chef de la police d’Oakland, LeRonne Armstrong, a tenu une conférence de presse pour sonner l’alarme. Il n’a pas eu à chercher très loin les exemples. La veille, ses agents avaient été appelés pour une fusillade sur la 89e avenue : ils avaient compté 198 douilles (aucun blessé miraculeusement).

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