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Brésil : faute d’avoir pu créer sa propre formation, Jair Bolsonaro rejoint le Parti libéral

Le président brésilien, Jair Bolsonaro, lors de la cérémonie où il a officiellement rejoint le Parti libéral, à Brasilia, le 30 novembre 2021. ADRIANO MACHADO / REUTERS

La cérémonie était attendue depuis des semaines mais fut orchestrée sans tambour ni trompette. Mardi 30 novembre, c’est dans la modeste salle de conférence d’un hôtel international de Brasilia que Jair Bolsonaro a officialisé son adhésion au Parti libéral (PL). Une étape décisive, à un an de l’élection présidentielle de 2022, mais que le chef de l’Etat a souhaité mener le plus discrètement possible.

La chose a été rapidement expédiée. Entouré de son fils et sénateur Flavio (qui a lui aussi rejoint le PL) et des barons de la majorité, M. Bolsonaro a prononcé un discours d’une quinzaine de minutes. « L’affiliation [à un parti] est un événement simple, mais de grande importance (…) nous serons comme une famille ! », a promis le président du Brésil, sans envolée lyrique.

L’événement représente un aveu d’échec pour ce leader antisystème, qui s’était juré de ne jamais gouverner avec l’establishment, et en particulier le « Centrao » (grand centre), cet agrégat de formations politiques opportunistes et sans idéologie, dominant le Congrès, dont le PL est l’un des représentants. Un temps, en début de mandat, il caressa même le rêve de créer son propre mouvement, l’Alliance pour le Brésil (APB), qui devait être administrée directement par sa famille.

Las. Le président n’est jamais parvenu à structurer sa formation et à recueillir les 500 000 signatures nécessaires à sa création. Menacé de destitution, Jair Bolsonaro fut contraint de nouer à la mi-2020 une alliance avec les formations du « marais brésilien ». Le Parti libéral, le Parti démocratique social (PDS) et le Parti progressiste (PP) ont alors fait leur entrée au gouvernement, le chef de l’Etat allant jusqu’à confier le poste-clé de chef de la Casa Civil (sorte de super-chef de cabinet) au sénateur Ciro Nogueira, l’un des pontes du Centrao.

« Retour au bercail »

Si désagréable soit-elle, l’adhésion au PL demeurait une étape indispensable. Depuis fin 2019 et sa sortie fracassante du Parti-social-libéral (PSL), qu’il avait rejoint avant l’élection présidentielle, M. Bolsonaro demeurait « sans parti ». Une situation que ne tolère pas, sur le long terme, la loi électorale brésilienne, qui impose à tout candidat d’être affilié à une formation politique reconnue.

Pour Jair Bolsonaro, l’événement est aussi un « retour au bercail ». Député durant vingt-sept ans, il fut en effet membre de pas moins de huit formations, dont plusieurs appartenant au Centrao. Marqué à droite, le PL dispose de 43 députés, ce qui en fait le troisième groupe politique à la Chambre basse. « C’est un mariage de raison, pragmatique et pas idéologique. Le Parti libéral compte profiter de la popularité de Bolsonaro à droite pour faire élire davantage de députés aux législatives de 2022 [qui auront lieu en même temps que la présidentielle] » , explique Paulo Sergio Peres, politiste à l’université fédérale du Rio Grande do Sul.

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