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Pour les Français, le pouvoir d’achat inquiète plus que le chômage

Le phénomène était attendu, souhaité, ardemment désiré par tous les gouvernements depuis près d’un demi-siècle: enfin, le chômage n’apparaît plus comme la grande peur des Français. Cet élément frappant ressort d’une étude menée par l’Ifop auprès de 1.500 personnes et 600 chefs d’entreprise, présentée ce mardi 30 novembre au Medef. Parmi les thèmes économiques attendus pendant la campagne présidentielle, la création d’emplois, la baisse du chômage, les recrutements, la formation, etc. ne sont mentionnés que dans 26% des réponses, contre 29% des réponses évoquant des éléments liés à la fiscalité, comme la baisse des impôts. « Le chômage n’est plus considéré comme l’injustice numéro un », en conclut Geoffroy Roux, président de l’organisation patronale.

Suivant cette logique, les Français n’en appellent plus à la démultiplication des politiques de l’emploi. Selon l’Ifop, seules 19% des réponses des sondés mentionnent un soutien à l’emploi et au recrutement parmi les dispositifs que l’Etat doit actionner pour sortir les entreprises durablement de la crise. Alors que 40% souhaitent des mesures fiscales en faveur des entreprises. Et 32% appellent à des soutiens spécifiques, comme les aides à l’internationalisation et à la R&D.

Peur du déclassement

La dynamique actuelle du marché du travail pèse naturellement sur ces réponses de Français: l’Insee pronostique la création de 222.000 emplois nets

entre fin 2019 et fin 2021. De quoi dégager l’horizon sur le front de l’emploi, même si la France continue de compter plus de 3,5 millions de personnes sans aucune activité rémunérée.

Cet éloignement relatif de la peur du chômage ne garantit pas, en outre, une parfaite sérénité dans les prochains mois, pour les candidats à la présidentielle comme pour les chefs d’entreprise. Car désormais, c’est sur les rémunérations que l’attention des électeurs et des salariés se concentrent. L’amélioration du pouvoir d’achat figure ainsi parmi les 29% des réponses les plus recueillies par l’Ifop. Ce souci pour les fins de mois se manifestait déjà dans un sondage, réalisé celui-ci par Harris Interactive pour Challenges, et publié le 2 septembre : 31% des personnes interrogées disaient s’inquiéter « beaucoup » au sujet du pouvoir d’achat, contre 30% au sujet du chômage. « C’est la sensation d’insécurité, voire de déclassement qui prédomine », diagnostiquait alors Michel-Edouard Leclerc, président du Comité stratégique des centres E. Leclerc.

Revendications des ronds-points

Frédéric Dabi, directeur général Opinion de l’Ifop rappelle pour sa part qu’il existe une continuité entre cette préoccupation et le passé récent des gilets jaunes : « Se manifestent dans ces réponses les inquiétudes que l’on entendait sur les ronds-points, estime-t-il. La crainte de mal vivre de son travail, d’avoir un travail qui paie mal arrive très haut parmi les préoccupations des Français. »

Geoffroy Roux de Bézieux assure que cette demande pressante de revalorisation salariale a été prise en compte dans les entreprises. « Les négociations sont assez actives, ainsi qu’au niveau des branches, explique-t-il. Il y aura une montée très forte de la participation et de l’intéressement. » Le patron des patrons estime également que les primes Macron, qui devaient rester exceptionnelles et liées à l’arrivée du Covid, seront largement utilisées cette année encore. « Ce dispositif s’installe comme une participation ou un intéressement simplifié pour les TPE : le dirigeant l’utilise pour affecter une partie des bénéfices en faveur des salariés », détaille Geoffroy Roux de Bézieux.

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Les chefs d’entreprise n’ont en effet pas l’intention de se retrouver cloués au pilori par les candidats à la présidentielle, sur ce sujet sensible des rémunérations. Mais ils sont avant tout aiguillonnés par la nécessité de soigner leurs équipes en place, au moment où les recrutements sont de plus en plus difficiles, dans des métiers en tension dont la liste s’allonge. « On n’a jamais vu une telle situation », reconnait sur ce point Geoffroy Roux de Bézieux.

L’étude de l’Ifop, qui porte plus généralement sur les attentes des Français vis-à-vis des entreprises et de l’Etat, a été commandée par le Medef pour alimenter sa future plateforme de revendications, dans la perspective de la présidentielle 2022.

 

 

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