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L’inflation en zone euro au plus haut depuis trente ans

Le siège de la Banque centrale européenne, à Francfort, en 2016. KAI PFAFFENBACH / REUTERS

« Les chiffres de l’inflation pour novembre sont sortis et on espère que, cette fois-ci, ce sera vraiment le pic. » Frederik Ducrozet, stratégiste chez le gérant de fortune Pictet, résume bien le sentiment général qui dominait après la publication, mardi 30 novembre, de l’indice des prix en zone euro : à + 4,9 % en novembre, il est à son plus haut niveau depuis trente ans.

Mois après mois, les économistes et les banquiers centraux estiment que le phénomène est passager. Mois après mois, ils sont démentis. Certains pays sont particulièrement touchés : 6 % en Allemagne ; 7,1 % en Belgique ; 8,4 % en Estonie et 9,3 % en Lituanie… La France reste pour l’instant relativement épargnée, avec un indice des prix en hausse de 3,4 %. « De nombreux éléments indiquent que l’inflation est moins temporaire que ce qu’on pensait initialement », reconnaît Eric Dor, le directeur des études économiques à l’Ieseg, une école de commerce.

Il y a seulement un an, en novembre 2020, en pleine pandémie, la zone euro était en désinflation, avec un indice des prix en recul de 0,3 % sur un an. En juin, alors que les campagnes de vaccination permettaient la réouverture des économies, il passait à une hausse de 1,9 % ; puis 3,4 % en septembre, 4,1 % en octobre et aujourd’hui 4,9 %. Sachant que la Banque centrale européenne (BCE) vise officiellement 2 % d’inflation, est-il temps de paniquer ?

Violente correction

Certainement pas, répondent en chœur les économistes et la BCE, qui soulignent que le phénomène est – au moins en partie – temporaire. Ils ont pour eux quelques solides arguments. Le principal est que le choc des prix vient avant tout de l’envolée du coût de l’énergie (+ 27 % sur un an en zone euro). La flambée du pétrole et du gaz s’est transformée sans surprise en une hausse du prix de l’essence à la pompe et des factures d’électricité. Hors énergie, l’inflation en zone euro est de 2,5 %.

Or, le prix du pétrole pourrait avoir atteint un sommet. La découverte du variant Omicron a créé une violente correction ces derniers jours, avec un baril en chute de 20 % depuis mi-octobre. « Plus de la moitié de la hausse des prix en France est liée à celle de l’énergie, c’est énorme, note Mathieu Plane, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques. Le retournement des prix des matières premières et du pétrole pourrait signifier qu’on atteindra le pic d’inflation un peu plus vite que prévu. »

D’autres phénomènes statistiques expliquent la sévérité de l’inflation. L’Allemagne avait baissé sa TVA de 19 % à 16 % au début de la pandémie, avant de la remettre à son niveau précédent en janvier 2021. A lui seul, le phénomène compte pour un point d’inflation en Allemagne, calcule Yannick Kalantzis, de la Banque de France : « Mécaniquement, cet effet va disparaître au 1er janvier 2022 », précise-t-il.

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