La candidate de gauche Xiomara Castro (Parti liberté et refondation, Libre, gauche) , prend l’avantage pour la présidence du Honduras face au dauphin du président de droite sortant, dans un pays en proie à la violence des trafiquants de drogue, qui ont étendu leur corruption jusqu’au plus haut niveau de l’Etat.
La participation des électeurs s’est établie au niveau « historique » de 62 %, a annoncé, dimanche 28 novembre soir, le Conseil national électoral (CNE), annonçant de premiers résultats partiels.
Avec les votes de 16 % des bureaux de vote dépouillés, Xiomara Castro, épouse de l’ancien président Manuel Zelaya renversé en 2009 par un coup d’Etat, obtient plus de 53 % des suffrages, tandis que son adversaire de droite Nasry Asfura n’obtient que 34 %. Le CNE a cependant insisté sur le caractère provisoire de ces résultats et a exhorté les candidats et les électeurs à attendre les résultats définitifs. La menace de fraudes et de troubles plane sur le scrutin et son dépouillement.
42 000 militaires et policiers mobilisés
« Ils vont tenter de provoquer le peuple. Nous savons qu’il y a du désespoir, particulièrement chez ceux qui gouvernent depuis 12 ans », a mis en garde Mme Castro après avoir voté, alors qu’au moins 31 personnes ont été tuées durant la campagne. Le candidat du parti au pouvoir s’est quant à lui engagé à respecter le résultat du vote et a demandé que ne coule « pas une goutte de sang ». Les autorités ont mobilisé 42 000 militaires et policiers pour surveiller les 5 755 bureaux de vote dans le pays et parer à des troubles éventuels.
Outre leur président, les électeurs devaient élire députés et maires. Le Honduras est dirigé depuis plus de dix ans par le Parti national (PN), sous la férule de Juan Orlando Hernandez, soupçonné par les Etats-Unis d’être impliqué dans le trafic de drogue.
Sentant le vent tourner, le PN avait durci le ton de sa campagne, traitant la leader de Libre de « communiste » et vilipendant ses propositions de légalisation de l’avortement et du mariage homosexuel.
En 2013, M. Hernandez avait battu d’une courte tête Xiomara Castro et était ensuite passé outre la Constitution pour se présenter pour un second mandat en 2017. Sa douteuse réélection sur le fil face à la star de la télévision Salvador Nasralla avait déchaîné de violentes manifestations.
De nouvelles émeutes ne feraient pas l’affaire de Washington, qui « veut éviter une répétition de [l’élection] de 2017 et une augmentation de la pression migratoire », estime Michael Shifter, président du think-tank Dialogue interaméricain.
Violence et misère
Des dizaines de milliers de Honduriens tentent de rejoindre chaque année le million de leurs compatriotes ayant fui la violence et la misère, dans leur écrasante majorité aux Etats-Unis. Plus de la moitié des dix millions d’habitants vit sous le seuil de pauvreté, que la pandémie de coronavirus n’a fait qu’accentuer. Le chômage a presque doublé en un an, passant de 5,7 % en 2019 à 10,9 % en 2020.
Avec un taux d’homicides de 37,6 pour 100 000 habitants en 2020, le Honduras est en outre un des pays les plus dangereux au monde, hors zones de conflit.
Ces deux dernières années, le Parlement a dissous une commission anticorruption et adopté un nouveau code pénal prévoyant de plus faibles peines pour corruption ou trafic de drogue. Beaucoup de parlementaires étaient visés par les enquêtes de cette commission.
Des trafiquants de drogue détenus aux Etats-Unis ont mis en cause le président Hernandez, dont le frère, Tony, a été condamné par un tribunal fédéral américain à la prison à vie pour son implication dans le trafic de 185 tonnes de cocaïne.
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