Il aura fallu trois ans, presque jour pour jour, après le déclenchement de l’affaire Ghosn, en novembre 2018. Trois ans après le plus grand scandale de l’histoire de Nissan, qui lui aura coûté des dizaines de milliards d’euros et des années de retard dans sa marche en avant, pour que le constructeur japonais allié de Renault retrouve une perspective.
Ce nouvel élan vers l’avenir s’appelle Ambition 2030. Il s’agit essentiellement d’un plan de modernisation – digitalisation et surtout électrification –, sans détail précis sur une éventuelle réorganisation industrielle (en particulier dans le cadre de l’alliance avec Renault et le japonais Mitsubishi), ni sur de nouveaux objectifs financiers chiffrés de croissance et de rentabilité.
Le directeur général de Nissan, Makoto Uchida, a ainsi annoncé, lundi 29 novembre, qu’il allait investir 2 000 milliards de yens (15,6 milliards d’euros) dans un plan d’électrification majeur et de modernisation numérique conduisant à la mise sur le marché d’ici à 2030 de 23 nouveaux véhicules électrifiés (hybrides et 100 % électriques), et même 20 dans les cinq ans, dont 15 voitures 100 % électriques.
Coût des moteurs
Le groupe de Yokohama vise une électrification de 50 % de ses ventes mondiales à la fin de la décennie – respectivement 75 % en Europe, 55 % au Japon, 40 % en Chine et aux Etats-Unis. Entre 2010 et 2021, les sommes consacrées par le constructeur nippon à ces sujets électriques et numériques s’étaient élevées à 1 000 milliards de yens. L’allié de Renault (qui est le premier actionnaire de Nissan, avec 43 % du capital) double son investissement alors qu’il semble enfin sortir de l’ornière financière.
Le 9 novembre, le constructeur nippon a annoncé des résultats solides pour son deuxième trimestre fiscal (de juillet à septembre 2021), malgré les pénuries qui affectent le secteur automobile, et triplé sa prévision de bénéfice pour son exercice en cours (2021-2022) à 1,4 milliard d’euros, renouant avec les bénéfices après deux années dans le rouge. C’est une bonne nouvelle pour Renault. Les performances de Nissan sur le trimestre écoulé se sont déjà traduites par une contribution positive estimée à 157 millions d’euros dans le résultat net du français. Nissan a réitéré lundi ses objectifs de rentabilité, le faisant passer de 2 % aujourd’hui à plus de 5 % en 2024.
Pour assurer son électrification, Nissan va notamment développer en interne une batterie dite « solide », qui sera à la fois moins chère et plus efficace que les batteries lithium-ion à électrolyte liquide actuellement utilisées. Cette batterie solide de Nissan devrait être produite en masse d’ici à 2028, a affirmé Ashwani Gupta, le directeur des opérations du groupe, et un premier site pilote de production devrait être opérationnel dans trois ans. Avec cette technologie, le constructeur s’attend à une baisse du coût des batteries pour atteindre 66 euros du kilowattheure en 2028, puis 57 euros (sans date cible mentionnée), ce qui permettrait, selon Nissan, d’atteindre la parité avec le coût d’un moteur thermique.
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