Des semaines d’invectives de la part d’opposants très remontés ; une campagne virulente, avec menaces de mort sur les réseaux sociaux contre des élus, et des références à une « dictature sanitaire » d’obédience nazie (on a même pu apercevoir une croix suisse « armée » de seringues la transformant en croix gammée) ; une campagne musclée d’affichage contre le passe sanitaire, financée par le parti populiste UDC… C’est dans ce contexte inhabituellement tendu que les Suisses ont voté, dimanche 28 novembre, sur la « loi Covid-19 » par laquelle les autorités pilotent la réponse à la pandémie.
Dans un pays où le fédéralisme, et donc l’autonomie des cantons, n’est pas un vain mot, ce scrutin avait valeur de test suprême sur la marge de manœuvre du gouvernement alors que la cinquième vague du virus frappe déjà de plein fouet plusieurs cantons de Suisse orientale – celui d’Appenzell connaît une incidence de plus de 1 000 cas pour 100 000 habitants depuis deux semaines.
Avec une très forte participation (65 %) inédite depuis un demi-siècle, le résultat est tombé, sans appel. Avec 62 % de oui, la population soutient la politique du Conseil fédéral, au grand soulagement du ministre de la santé : « Nous continuons ainsi à disposer des outils pour combattre cette pandémie ; on ne dit pas oui ou non à la disparition d’un virus, ce serait trop beau », a dit Alain Berset.
La diversion de cette votation évacuée, Berne va pouvoir se concentrer sur l’arrivée du variant Omicron dans la Confédération, où un premier cas probable a été détecté dimanche soir, selon l’Office fédéral de la santé publique. Tous les cantons ont accepté la loi contestée par le référendum, à l’exception de deux entités alémaniques, le demi-canton d’Appenzell Rhodes-Intérieures et celui de Schwytz où certaines communes s’y sont opposées à 80 %. La carte du « non » recoupe d’ailleurs très fidèlement celle du taux de couverture vaccinale. Moins les gens sont vaccinés, plus ils défient la politique sanitaire.
Durcir ou non les mesures de protection
Il reste maintenant à voir dans quelle mesure ce résultat très net permettra d’atténuer les divisions apparues ces derniers mois dans un pays peu habitué aux confrontations houleuses, même si elles sont restées verbales. « D’inquiétantes lignes de fracture sont apparues jusque dans les familles, il faudra maintenant les surmonter, car les référendums visent à renforcer la cohésion sociale », commentait dimanche soir le journal Neue Zürcher Zeitung. Avant de se livrer de façon un peu contradictoire à cet avertissement : « Accepter le verdict des urnes, c’est aussi se tenir à l’écart des personnes qui désobéissent aux règles et qui propagent des théories du complot. »
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