Revoir Vienne. Tel était depuis des mois l’espoir des chancelleries impliquées dans le sauvetage du Plan d’action global commun (PAGC, ou JCPoA en anglais), l’accord sur le nucléaire iranien signé en 2015. Au printemps, six cycles de négociations s’étaient tenus dans la capitale autrichienne avec les représentants de Téhéran, suivant un double objectif : le retour du régime dans le strict cadre de ses obligations, au titre de l’accord ; le retour américain dans le JCPoA, avec la levée graduelle des sanctions économiques frappant l’Iran. Lundi 29 novembre, après six mois d’interruption, les diplomates vont enfin se retrouver à Vienne, dans une atmosphère de pessimisme généralisé.
Le ministre iranien des affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian rencontre le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) Rafael Grossi, à Téhéran, le 23 novembre 2021. ATTA KENARE / AFP
L’élection de l’ultraconservateur Ebrahim Raïssi à la présidence iranienne, en juin, a marqué une rupture dans un processus jugé prometteur par les participants. Sous prétexte de mettre en place une nouvelle équipe de négociateurs, Téhéran n’a cessé d’employer des manœuvres dilatoires, tout en poursuivant sa fuite en avant sur le plan opérationnel. En neuf mois, l’ambition des Européens et des Américains a été radicalement révisée à la baisse. A l’origine, les alliés espéraient réhabiliter le JCPoA, puis élargir la discussion avec les Iraniens à la sécurité régionale, c’est-à-dire en priorité à leur programme balistique. Ce plan extrêmement optimiste semble loin.
Hypothèse d’un « JCPoA moins »
Aujourd’hui, ces mêmes pays envisagent l’hypothèse d’un « JCPoA moins », d’un accord intermédiaire, par peur du vide que serait un échec à Vienne. Cette formule reposerait sur un donnant-donnant : l’Iran cesserait les activités les plus controversées de son programme (production d’uranium métal, enrichissement à 20 % et plus), en échange de la levée d’une partie des sanctions. Un tel compromis temporaire, pour lequel le régime n’exprime aucun intérêt public, permettrait d’éviter une nouvelle escalade avec l’Iran : l’imposition de sanctions supplémentaires, voire des attaques aériennes ou cyber contre ses sites. Dans ce dernier domaine, qui permet le déni, Israël a déjà pris les devants, selon les experts. L’Etat hébreu a communiqué à Washington sa farouche opposition à un tel accord, qui récompenserait selon lui le régime ultraconservateur.
Les contacts diplomatiques se sont multipliés en amont de ce rendez-vous de Vienne. Le 18 novembre, à Riyad, les directeurs politiques de l’E3 (France, Allemagne, Royaume-Uni) et l’envoyé spécial américain pour l’Iran, Robert Malley, ont tenu des consultations avec le Conseil de coopération du Golfe, ses Etats membres, l’Egypte et la Jordanie. Le 23 novembre, le porte-parole du département d’Etat, Ned Price, a réitéré le souhait américain de voir « ce gouvernement iranien se présenter au minimum à Vienne en étant prêt à participer à ces discussions avec les autres membres du P5 + 1 avec bonne foi, en cherchant à bâtir sur les progrès accomplis au cours des réunions précédentes ».
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