La montée en puissance de la Chine et des Emirats arabes unis au sein d’Interpol coïncide avec la réintégration dans les rouages de l’organisation d’un pays dont le bilan en matière de droits de l’homme est encore plus accablant : la Syrie. Depuis le mois d’octobre, Damas peut de nouveau accéder au système d’échange d’informations d’Interpol, qui permet aux Etats membres de s’envoyer des messages directement entre eux.
La Syrie avait été « débranchée » de ce réseau en 2012, époque où les sanctions internationales s’abattaient sur le régime Assad, en réaction à l’écrasement dans le sang de la révolte prodémocratie, qui avait éclaté un an plus tôt. Pendant neuf années, la Syrie a conservé son statut de membre de l’organisation. Mais les communications émises par son bureau central national – BCN, l’interface entre les services de police d’un Etat membre et Interpol – étaient filtrées par le secrétariat général, basé à Lyon. Elles n’étaient transmises à leur destinataire que si elles étaient jugées en accord avec le règlement interne de l’organisation.
Interpol affirme avoir levé ces restrictions après « un suivi régulier des messages du BCN de Damas », dont le personnel a suivi un entraînement. La décision est présentée comme une mesure purement technique, l’article 3 des statuts de l’organisation lui interdisant « toute activité ou intervention dans des questions ou affaires présentant un caractère politique ».
Processus de désostracisation
Les opposants au régime Assad, pour leur part, ne peuvent s’empêcher de voir dans cette initiative un nouveau pas en avant dans le processus, lent mais régulier, de désostracisation du régime syrien. Ils soupçonnent que l’importance prise par les Emirats arabes unis – l’Etat arabe à la pointe de ces efforts de normalisation – dans les instances de l’organisation n’est pas étrangère au recouvrement par Damas de l’intégralité de ses droits.
Dans un communiqué commun, vingt ONG de la société civile syrienne se sont émues de « la peur et de l’anxiété » que cette décision suscite, en particulier parmi l’immense contingent de dissidents anti-Assad, poussés à l’exil. Les signataires craignent que les autorités syriennes abusent de la procédure des notices rouges – les avis de recherche internationaux, émis à la demande d’un membre – pour requérir l’extradition d’opposants politiques, ou du moins entraver leurs efforts afin de régulariser leur statut dans leurs pays d’accueil.
Des inquiétudes infondées, assure Interpol. L’institution affirme que ses statuts obligent chaque bureau central national à agir « dans l’esprit de la Déclaration universelle des droits de l’homme ».
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