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Covid-19 : A l’hôpital de Munich, « nous en sommes à prioriser des patients, à bricoler à droite à gauche »

Par Thomas Wieder

Publié aujourd’hui à 10h43, mis à jour à 13h19

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ReportageVendredi, la Bavière a pour la première fois envoyé des malades du Covid-19 dans un autre Land. La situation dans les hôpitaux y est alarmante.

Un hall d’entrée désert, des couloirs vides, personne à la cafétéria : difficile de se dire qu’on est en milieu de journée, en pleine semaine, au cœur d’un des plus grands hôpitaux d’Allemagne. Il en est pourtant ainsi, désormais, à l’hôpital universitaire de Munich-Grosshadern. Depuis le 17 novembre, toutes les visites y sont interdites, sauf pour les mineurs, les femmes qui viennent d’accoucher et les malades en fin de vie. Une décision prise en réaction à l’explosion du nombre de cas de Covid-19 en Bavière et que l’hôpital justifie d’une phrase sur son site Internet : « Nous devons protéger nos patients, dont beaucoup sont immunodéprimés, et notre personnel, dont nous avons besoin en bonne santé. »

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Imposée par les circonstances, l’étrange torpeur qui semble avoir saisi l’hôpital de Munich n’est qu’apparente. Fermé aux visiteurs, l’établissement croule sous les malades. Vendredi 26 novembre, le nombre de ceux qui y étaient hospitalisés des suites du Covid-19 était de 65. Parmi eux, 24 se trouvaient en soins intensifs, soit quatre fois plus qu’à la mi-octobre. Des chiffres qui, à première vue, sont encore loin de ceux de la fin décembre 2020, au sommet de la deuxième vague : à l’époque, l’établissement munichois avait accueilli 102 malades du Covid-19, dont 86 en soins intensifs.

Un patient atteint du Covid au service des soins intensifs de l’hôpital de Munich, le 23 novembre. ARNE PIEPKE / DOCKS COLLECTIVE POUR «LE MONDE»

Une telle comparaison, cependant, n’a guère de sens. D’abord parce que nul ne sait quand le pic de la vague actuelle sera atteint : vendredi, le taux d’incidence était de 652 cas pour 100 000 habitants en Bavière, l’un des Länder les plus touchés d’Allemagne. Depuis quelques jours, la courbe des contaminations fléchit légèrement. Cela peut laisser penser que la pression sur les hôpitaux commencera à baisser à partir de la mi-décembre. Mais d’ici là, les équipes savent que la situation va continuer à empirer.

Manque de personnel

A la tête du service qui accueille les malades du Covid-19 en soins normaux, le professeur Stefan Kääb explique pourquoi la comparaison avec les vagues précédentes est trompeuse. « Les autres fois, le pays était complètement à l’arrêt. Aujourd’hui, la vie est normale. Résultat : vous avez à la fois les patients de la vie normale [les accidents de la route, les grippes…] mais aussi, en plus, tous les nouveaux malades du Covid. »

Autre contrainte : le manque de personnel. « Sur nos 2 000 lits, 11 % sont fermés parce qu’on n’a pas les effectifs nécessaires pour les ouvrir. Aujourd’hui nous avons 180 postes inoccupés », explique Markus Lerch, le médecin-chef de l’hôpital. Le problème n’est pas nouveau, mais il s’est aggravé avec la pandémie, surtout après la deuxième vague, marquée par de nombreux départs et des arrêts maladie en grand nombre.

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