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« Telecom Italia a beau être dirigé depuis Rome, il s’est spécialisé dans les intrigues florentines »

Au siège de Telecom Italia, à Rozzano, en mars 2019. MIGUEL MEDINA / AFP

Vu de l’autre côté des Alpes, les petits problèmes d’Orange, à la recherche d’un nouveau patron depuis la démission de Stéphane Richard, doivent sembler bien anodins. Ce dernier est resté tout de même dix ans à la tête du premier opérateur français, quand ses homologues italiens de Telecom Italia défilent en rangs serrés : pas moins de cinq patrons en cinq ans.

Le dernier en date, Luigi Gubitosi, nommé en 2018, devrait présenter sa démission sous peu. Il l’a lui-même annoncé, jeudi 25 novembre, officiellement pour favoriser la reprise de l’entreprise par le fonds américain KKR. Ce dernier a en effet proposé de racheter l’ancien opérateur national italien pour 10,8 milliards d’euros.

Une opération qui plairait à M. Gubitosi, mais pas à tous les actionnaires, du moins pas à ce prix-là. Car, si la société détient une forme de record en matière de rotation des PDG, cela est la conséquence de l’inconstance de ses actionnaires. Eux aussi s’enchaînent à un rythme soutenu. Le groupe a beau être basé à Rome et Milan, il s’est spécialisé dans les intrigues florentines. Privatisé en 1997, il a successivement été contrôlé par la société informatique Olivetti, le patron de Pirelli Marco Tronchetti Provera, l’espagnol Telefonica, le français Vivendi, le fonds américain Elliott…

Potentiel énorme

Autant d’ambitieux ne détenant qu’une minorité de contrôle et passant des accords à géométrie variable avec le gotha de la finance italienne et avec l’Etat, qui a toujours conservé des parts dans l’affaire. Résultat de cette gouvernance cacophonique, une stratégie erratique, une situation financière détériorée et un cours de Bourse au plancher, qui s’est effondré des deux tiers depuis l’arrivée de Vivendi, en 2015.

Faute de trouver la martingale pour se sortir de ce pétrin, le Français, pour l’instant opposé à l’offensive de KKR, détient néanmoins, la clé de l’avenir du groupe. Il reste en effet une carte à jouer pour Telecom Italia, celle du haut débit Internet. Quand en moyenne 60 % des foyers européens sont raccordés à la fibre optique, ce n’est le cas que du quart des abonnés italiens. Le potentiel est énorme, et le gouvernement de Mario Draghi en a fait l’une de ses priorités d’investissement.

Cependant, en plus des largesses de Bruxelles, il a besoin de l’argent privé pour déployer rapidement et massivement le réseau. KKR est justement venu pour cela. Le président du Conseil italien, ancien banquier d’affaires, pourrait être tenté de trouver une issue qui arrange tout le monde. Mais au prix de nouveaux virages stratégiques et de changements d’actionnaires qui, jusqu’à présent, n’ont pas réussi à Telecom Italia.

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