Crabes, homards, poulpes et calmars… Dans le cadre de sa stratégie nationale pour le bien-être animal, le gouvernement britannique a fait réaliser un rapport de synthèse concernant les connaissances scientifiques sur ces animaux. Sur les quelque 300 études recensées, les preuves en faveur de leur sensibilité sont jugées de « substantielles » à « très fortes ». Précisions avec 30millionsdamis.fr.
En apparence si éloignés de nous, et pourtant si proches par certains aspects… Alors que le gouvernement britannique définit sa stratégie nationale pour le bien-être animal, une question se pose inévitablement : faut-il réserver les mesures de protection aux seuls vertébrés (mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens et poissons), ou bien les élargir à d’autres espèces ? Pour tenter d’y répondre, des chercheurs de l’université London School of Economics (Royaume-Uni) ont recensé 300 études scientifiques consacrées à des animaux appartenant au groupe des crustacés décapodes (crabes, homards et écrevisses) ou à celui des mollusques céphalopodes (poulpes, seiches et calmars).
Cesser d’ébouillanter les crustacés sans étourdissement
Les experts ont dénombré huit méthodes mesurant la « sentience » des animaux – c’est-à-dire à leur capacité à percevoir de façon subjective leur environnement ainsi qu’à éprouver de la souffrance et des émotions. Parmi les critères utilisés : les facultés d’apprentissage, la présence de récepteurs à la douleur, les connexions entre ces récepteurs et le cerveau, la réaction aux anesthésiques ou aux analgésiques, et les comportements face à des menaces ou à des possibilités de récompense. Conclusion : les preuves de sentience seraient jugées « très fortes » chez les pieuvres, « fortes » chez les crabes et « substantielles » pour les calmars, les seiches et les homards.
Il est désormais clair, du point de vue de la science, que les décapodes et les céphalopodes peuvent ressentir la douleur.
Zac Goldsmith, ministre de l’Environnement britannique
Les auteurs du rapport ont toutefois relevé des biais, en particulier la sur-représentation de certaines espèces parmi les études. « L’attention des scientifiques s’est portée sur certains plutôt que d’autres en raison de commodités pratiques (par exemple, les animaux facilement élevés en laboratoire) et de géographie (…). En conséquence, nous pensons qu’il serait inapproprié de limiter la protection à certains groupes de céphalopodes ou de décapodes », prônent les experts cités par CNN, qui recommandent de cesser d’ébouillanter les crabes et les homards sans étourdissement préalable, à l’instar de ce qu’applique déjà la Suisse, mais également de réglementer le transport et l’abattage des pieuvres.
Solitaires et curieuses, les pieuvres souffrent dans les élevages !
Malgré les découvertes surprenantes à leur sujet et leur intelligence mise à l’honneur par le film « La Sagesse de la Pieuvre » (Oscar 2021 du meilleur documentaire, NDLR), les poulpes font pourtant l’objet d’une absence quasi-totale de protection… y compris en France, 6ème plus gros consommateur dans le monde avec quelque 7000 tonnes par an. Si la pêche intensive a entraîné une diminution des populations sauvages, un rapport publié en octobre 2021 par l’association CIWF – avec laquelle collabore la Fondation 30 Millions d’Amis – révèle que les projets d’élevages industriels de pieuvres entraîneraient une « grande souffrance » pour ces mollusques, « en raison de leur nature solitaire et curieuse » incompatible avec la vie en bassins surpeuplés.
En Grande-Bretagne, les résultats de cette synthèse scientifique devraient influencer le projet de loi « Animal Sentience Bill », qui prévoit d’instaurer la reconnaissance des animaux en tant qu’êtres « sentients » (en France, ils sont déjà considérés comme des « êtres vivants doués de sensibilité » dans le Code civil depuis 2015, une avancée obtenue sous l’impulsion de la Fondation 30 Millions d’Amis, NDLR). Par ailleurs, « il est désormais clair, du point de vue de la science, que les décapodes et les céphalopodes peuvent ressentir la douleur », a réagi le ministre de l’Environnement britannique Zac Goldsmith dans un communiqué. « Il est donc tout à fait juste qu’ils soient couverts par ce texte de loi essentiel », en conclut-il. Un fait que nous non plus, ne pouvons désormais plus ignorer !
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