Des milliers de manifestants sont descendus, jeudi 26 novembre, dans les rues d’Europe et d’Amérique latine à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Des rassemblements qui ont parfois été réprimés par les forces de l’ordre.
« Ne soyez pas silencieux face à la violence masculine », disaient les banderoles déployées par des centaines de manifestantes à Istanbul. Elles dénonçaient aussi le retrait de la Turquie d’un traité international protégeant les femmes, la Convention d’Istanbul, accusé par les conservateurs au pouvoir d’encourager l’homosexualité et de menacer la structure familiale traditionnelle.
Les manifestantes ont été accueillies par des tirs de gaz lacrymogènes au moment où elles tentaient de franchir les barricades de police. En Turquie, ce sont 345 femmes qui ont été tuées depuis début 2021, selon la plateforme We Will Stop Feminicide, contre 410 en 2020.
La police turque a utilisé des gaz lacrymogènes contre les manifestants lors d’une manifestation contre les violences faites aux femmes, à Istanbul, le 25 novembre 2021. KEMAL ASLAN / AP
A Mexico, des milliers de femmes ont manifesté jeudi. « Elles ne sont pas mortes, ils les ont tuées », disaient les pancartes brandies par les manifestantes de ce pays où, chaque jour, 10 femmes sont tuées, selon l’ONU. Des heurts ont opposé de petits groupes de manifestantes, munies de marteaux, aux forces de l’ordre, qui ont utilisé des gaz irritants et des extincteurs pour les repousser. Dix policières, trois manifestantes et une fonctionnaire ont été légèrement blessées dans les incidents, selon un bilan des services de sécurité de la capitale.
Une femme sur trois dans le monde victime de violences
Au Chili, la manifestation, qui a réuni des milliers de femmes à Santiago, a pris des accents politiques, contre le candidat d’extrême droite José Antonio Kast, nostalgique de la dictature d’Augusto Pinochet, en tête à l’issue du premier tour de la présidentielle.
Au Guatemala, des centaines de femmes sont aussi descendues dans la rue dans ce pays frappé par une hausse des féminicides (de 30 % par rapport à la même période de 2020 selon les autorités) et les grossesses adolescentes.
Des manifestations ont également été organisées au Venezuela, en Bolivie ou en Uruguay. En Amérique latine et aux Caraïbes, quelque 4 091 femmes ont été victimes de féminicide en 2020, selon la commission régionale des Nations unies.
Près d’une femme sur trois dans le monde a subi des violences physiques ou sexuelles, souvent de la part d’une personne qu’elles connaissaient, selon l’ONU. « La violence contre les femmes est une crise mondiale. Dans tous nos propres quartiers, des femmes et des filles vivent en danger », s’est alarmée Sima Bahous, la directrice exécutive d’ONU Femmes, l’organisation des Nations unies défendant les droits des femmes.
« Nous ne pouvons pas détourner le regard », dit le pape
Le pape François s’est également exprimé sur Twitter : « Les différentes formes de maltraitance que subissent de nombreuses femmes représentent une dégradation pour les hommes et pour toute l’humanité. Nous ne pouvons pas détourner le regard. »
Les différentes formes de maltraitance que subissent de nombreuses femmes sont une lâcheté et une dégradation pour… https://t.co/bRUwW69yww
— Pontifex_fr (@Pape François)
En Afrique, plusieurs chefs d’Etat africains réunis, jeudi, à Kinshasa pour un sommet sur la « masculinité positive » se sont solennellement engagés à lutter contre les discriminations et les violences contre les femmes, des viols pendant les conflits aux mutilations génitales. Nous « lançons la campagne de l’Union africaine pour mettre fin aux violences faites aux femmes et aux filles et mettons en œuvre une politique de tolérance zéro dans les situations de conflit et de post-conflit », ont dit les chefs d’Etat, dont le président de RDC Félix Tshisekedi et le Rwandais Paul Kagame, dans une déclaration commune.
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