Publié le : 24/11/2021 – 19:44
De plus en plus de clubs de football cherchent de nouvelles rentrées d’argent grâce aux cryptomonnaies. Au Royaume-Uni, la quasi-totalité de ceux qui constituent l’élite ont passé des accords avec des sociétés de ce secteur. Des partenariats qui peuvent se révéler lucratifs, mais aussi risqués pour les clubs ou leurs supporters.
Les clubs de football deviennent de plus en plus friands de cryptomonnaies. C’est particulièrement flagrant au Royaume-Uni, où 17 des 20 clubs de la Premier League ont un partenariat avec une entreprises de ce secteur, a constaté le tabloïd britannique Daily Mail, dans une enquête sur les liens entre le monde du ballon rond et celui des bitcoins, de la blockchain ou des NFT,publiée mardi 23 novembre.
Le quotidien britannique ne les cite pas, mais les trois formations britanniques à ne pas encore avoir succombé aux sirènes des cryptomonnaies semblent être Burnley, Chelsea et Norwich City, d’après les recherches effectuées par France 24.
Mariage gagnant-gagnant ?
Tous les autres ont au moins un partenariat avec un groupe de ce secteur. Il peut s’agir de plateformes d’échange de cryptomonnaies comme CoinJar, qui a séduit Brentford, de sociétés d’investissement telles qu’eToro, qui a noué des partenariats avec plusieurs clubs (Arsenal, Newcastle ou encore Aston Villa), ou des sites de jeux avec des cryptomonnaies à l’instar de Yolo Group (créateur de Bitcoin Casino) qui s’est associé avec Southampton.
Ce rapprochement entre l’élite du football britannique et le monde des bitcoins ou d’ethereum est présenté comme l’alliance du futur. Ce serait un mariage gagnant-gagnant pour les clubs et les fans, assure dans leurs communiqués Arsenal, Manchester City et d’autres.
Les formations y trouvent une nouvelle source de revenus. Après plus d’une année de vaches maigres pour cause de crise sanitaire, celle-ci ayant lourdement pesé sur leurs finances, les clubs espèrent engranger des dizaines de millions d’euros grâce à ces nouveaux partenariats.
Ailleurs qu’au Royaume-Uni, des clubs ont déjà gagné gros grâce aux cryptomonnaies. L’accord entre le Paris Saint-Germain et le site Soros.com procurerait des revenus garantis de 2,5 millions d’euros par an au club de la capitale, a analysé le journal L’Équipe. Au Mexique, le club Necaxa de Mexico a levé 1,5 million de dollars en vendant 1 % de ses parts sous forme de NFT (« Non Fungible Token » qui sont des jetons numériques auxquels sont attachés des droits de propriété), rapporte le site Sport Business Journal.
Cette manne potentielle est d’autant plus importante pour les clubs britanniques qu’ils pourraient bien perdre les revenus des sites de paris en ligne. Ces derniers sont parmi les principaux sponsors des clubs anglais. Sur les vingt clubs de l’élite, neuf ont un maillot sponsorisé par des marques comme Betway (West Ham), Betvictor (Fulham) ou W88 (Crystal Palace). Ces accords rapportent environ 75 millions d’euros par saison aux clubs concernés, mais le législateur britannique réfléchit à interdire ces partenariats qui font la promotion des paris en ligne.
“Je pense que les clubs de football vont encore intensifier leurs partenariats avec des sociétés du secteur des cryptomonnaies afin de réduire leur dépendance au sponsoring des sites de paris en ligne”, estime Charlie Bannister, spécialiste de l’agence de marketing SGI Sports, interrogé par le Daily Mail.
Jeux risqués pour les fans
Ces accords permettront aussi aux fans “d’être mieux associés à la vie de leur club favori”, assurait, en août, Everton FC pour justifier leur partenariat avec Socios.com, un créateur de cryptomonnaies sportives qui s’est associé avec des dizaines de clubs de football dans le monde, dont le PSG, ou encore le FC Barcelone.
Au Royaume-Uni, Socios.com – fondé par le serial-entrepreneur français Alexandre Dreyfus – a des partenariats avec Everton, Manchester City, Leeds, Aston Villa et Arsenal. Cette société crée des jetons numériques aux couleurs du club, que les fans peuvent acheter pour obtenir le droit de participer à la prise de certaines décisions.
Les supporters ne deviennent pas pour autant actionnaires du club mais peuvent, à travers des sondages réalisés en ligne, peser sur le choix de la couleur de l’écharpe portée tel jour par l’entraîneur, ou de la musique à jouer dans le stade lorsqu’un but est marqué. “C’est une manière de se distinguer de la masse des fans”, résume Max Rabinovitch, chef de la stratégie d’entreprise de Socios.com, interrogé par le site Sport Business Journal.
Cette nouvelle obligation, dans certains clubs, de devoir acheter le droit de participer à certaines décisions cosmétiques a été très mal vécue par plusieurs groupes de supporters anglais. Ceux de West Ham ont même réussi, en 2019, à convaincre la direction du club de mettre un terme au partenariat avec Socios.com arguant que “c’est un mécanisme pour exploiter financièrement l’engagement des fans aux côtés du club, ce qui devrait plutôt être récompensé”.
Sans compter le danger d’y laisser ses économies. La valeur du jeton numérique, une fois émis, peut évoluer en fonction de la demande. “Ce sont des actifs spéculatifs qui ne sont soumis à aucune réglementation”, a averti Charles Randall, président de la Financial Conduct Authority (FCA, l’autorité britannique de régulation des marchés financiers), interrogé par le Daily Mail. Pour avoir leur mot à dire, “les fans vont devoir s’aventurer dans l’écosystème des cryptomonnaies, un environnement que très peu connaissent”, a regretté le groupe des supporters de Leeds, après l’accord passé en août entre leur club favori et Socios.com.
Cette course aux sponsors 2.0 a aussi incité certains des plus grands clubs du monde à se prendre les pieds dans les cryptomonnaies. Manchester City a, ainsi, suspendu, le 19 novembre, son accord avec la société 3Key, une semaine seulement après l’avoir signé. De sérieux doutes sur la légitimité de cette entreprise, qui se prétend “spécialiste de la finance décentralisée”, avaient été soulevés par des internautes ayant échoué à trouver la moindre trace en ligne de personnes réelles liées à l’entreprise, relate le quotidien britannique The Guardian. La veille, le FC Barcelone avait rompu un accord avec Ownix, une start-up liée à un homme d’affaires israélien arrêté pour plusieurs fraudes aux cryptomonnaies.
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