La chef des sociaux-démocrates de Suède, Magdalena Andersson, a été élue première ministre par le Parlement, mercredi 24 novembre, devenant ainsi la première femme à diriger le royaume nordique, à l’issue de plusieurs jours de négociations difficiles.
Jusqu’alors ministre des finances du gouvernement de Stefan Löfven, premier ministre démissionnaire, cette économiste de 54 ans s’était assuré mardi soir, in extremis, les soutiens nécessaires pour arriver au pouvoir, grâce à un accord de la dernière heure avec le parti de Gauche pour augmenter les petites retraites. Visiblement émue, elle s’est levée sous les applaudissements de son camp pour se voir remettre sa charge par le président du Riksdag.
Mauvaise surprise toutefois pour la nouvelle dirigeante : elle a perdu au passage le soutien d’un parti centriste clé pour son budget. Elle risque donc de devoir gouverner avec le budget préparé par l’opposition de droite avec l’appui inédit du parti d’extrême droite des Démocrates de Suède, à l’issue d’un vote prévu dans l’après-midi. « J’estime que je peux gouverner le pays néanmoins », a-t-elle affirmé lors d’une conférence de presse, reprenant son slogan « je crois que la Suède peut mieux faire ».
Usé par sept ans au pouvoir et par une crise politique au début de l’été, Stefan Löfven avait annoncé en août qu’il démissionnerait en novembre. Ancienne nageuse de haut niveau, connue pour son style direct qui lui vaut d’être surnommée le « bulldozer », Magdalena Andersson lui avait déjà succédé à la tête du parti social-démocrate début novembre.
Objectif : les législatives de 2022
La passation de pouvoirs pour le poste de premier ministre s’est toutefois avérée compliquée, avec la plus petite des marges. Les équilibres politiques serrés du Parlement suédois, qui avaient entraîné un délai de quatre mois pour former un gouvernement après les dernières élections de 2018, ont compliqué la donne. Magdalena Andersson a été élue grâce à un vote de députés à 117 voix pour, 57 abstentions, 174 contre et une absence. En Suède, un gouvernement est « passé » tant qu’une majorité absolue de 175 députés sur 349 ne vote pas sa censure.
Bien que championne affichée de l’égalité des sexes, la Suède n’a jamais jusqu’ici eu de femme première ministre, contrairement à tous les autres pays nordiques. Un siècle après le droit de vote des femmes en Suède, Magdalena Andersson succède à 33 hommes ayant occupé le poste depuis sa création en 1876.
Une fois acquise sa nomination à Rosenbad, le siège du premier ministre, son grand défi est connu : maintenir les sociaux-démocrates au pouvoir aux législatives de septembre 2022. Autour de 25 % dans les sondages, le parti garde son rang de première formation politique de Suède, mais est proche de ses planchers historiques.
Trois grandes priorités
Il devra contrer son grand rival, le parti conservateur des Modérés, dirigé par Ulf Kristersson. Ce dernier s’est rapproché du parti d’extrême droite anti-immigration des Démocrates de Suède (SD), en témoigne leur alliance sur le budget, et est désormais prêt à gouverner avec son appui au Parlement. Cette fin du cordon sanitaire et les jeux d’alliances entre grands et petits partis rendent le scrutin encore plus imprévisible, soulignent les analystes. Ulf Kristersson a moqué mercredi matin « un gouvernement désespéré », dans une interview à l’agence de presse suédoise TT.
Pour relancer son camp, Magdalena Andersson a fixé trois grandes priorités : « Reprendre le contrôle démocratique » sur les écoles, le système de santé et les maisons de retraite après une vague de privatisations ; installer la Suède en championne du climat ; et combattre la ségrégation et la brutale guerre des gangs que le pays ne parvient pas à enrayer.
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