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Le ministre israélien de la défense, Benny Gantz, en visite au Maroc dans un contexte régional tendu

Le ministre israélien de la défense, Benny Gantz, à Jérusalem, le 21 novembre 2021. ABIR SULTAN / AFP

Le ministre israélien de la défense, Benny Gantz, s’envole mardi 23 novembre au soir pour le Maroc, une première visite visant à renforcer la coopération sécuritaire entre les deux pays, un an après la normalisation de leur relation, et en pleine tension entre Alger et Rabat sur le Sahara occidental.

Depuis la reprise, l’an dernier, des relations diplomatiques entre les deux pays, un conseiller à la sécurité et le chef de la diplomatie israélienne se sont rendus au Maroc pour des entretiens, mais c’est la première fois qu’un ministre israélien de la défense mène une visite officielle au royaume.

M. Gantz, qui s’envole mardi soir de Tel-Aviv et quittera le Maroc jeudi, doit signer sur place un accord qui vise à « établir la pierre d’assise des relations sécuritaires futures entre Israël et le Maroc », a indiqué à l’AFP une source au fait de cette visite. « Jusqu’à présent, il y avait une certaine coopération, mais là nous allons vraiment la formaliser. C’est une déclaration publique de notre partenariat », a ajouté ce responsable.

Renforcer le « hard power » du royaume

Les deux pays avaient établi des relations diplomatiques au début des années 1990, avant que le Maroc n’y mette fin au début de la seconde intifada, le soulèvement palestinien du début des années 2000.

Israël et le Maroc ont rétabli des relations en décembre 2020 dans le cadre des « accords d’Abraham », un processus de normalisation des relations entre l’Etat hébreu et des pays arabes soutenu par l’administration Trump. Washington avait alors reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, territoire disputé avec les indépendantistes sahraouis du Front Polisario, soutenus par l’Algérie.

Or la visite de M. Gantz intervient alors qu’Alger a rompu, en août, ses relations avec Rabat en raison d’« actions hostiles » du royaume et que le Front Polisario a décidé vendredi d’« intensifier » sa lutte armée contre le Maroc au Sahara occidental. Sa visite est l’occasion pour le royaume chérifien de « renforcer son “hard power” dans un contexte régional tendu » entre l’Algérie et le Maroc, écrit l’hebdomadaire marocain Tel Quel.

Pour Bruce Maddy-Weitzman, spécialiste des relations israélo-marocaines à l’université de Tel-Aviv, la première visite d’un ministre israélien de la défense au Maroc, en pleine tension entre les deux poids lourds du Maghreb, ne semble pas tenir de la pure coïncidence. « Il est possible que dans un contexte de tension Algérie-Maroc, les Marocains désirent montrer au monde, à leur propre population, à leurs rivaux algériens et à l’Occident qu’ils approfondissent leurs relations avec Israël, avec tout ce que cela implique », souligne-t-il.

Drones armés et logiciel espion

La société israélienne Ratio Petroleum avait annoncé récemment un partenariat avec Rabat pour l’exploration d’hydrocarbures au large de Dakhla, au Sahara occidental. Et l’Etat hébreu est aussi l’un des principaux exportateurs au monde de drones armés et de logiciels de sécurité comme Pegasus, de la société NSO. Or les ventes de drones armés et de certaines technologies de pointe, à l’instar du logiciel espion, doivent être approuvées par le ministère de la défense, dirigé par M. Gantz.

Selon des informations publiées cet été par un consortium de médias, un numéro de portable du président français, Emmanuel Macron, figurait sur la liste de ceux visés par un service de sécurité de l’Etat marocain, accusé d’avoir eu recours à Pegasus. Dans la foulée de cette affaire, M. Gantz avait rencontré son homologue française à Paris pour l’assurer qu’Israël prenait ces allégations au « sérieux ». De son côté, le Maroc nie catégoriquement avoir acheté ce logiciel et a annoncé avoir déposé des plaintes pour « diffamation » contre des médias.

Interrogée par l’AFP, une porte-parole de M. Gantz n’a pas dit si la question de NSO ou de la vente de technologies militaires allait être abordée au cours de cette visite. Selon différentes ONG, Pegasus a aussi été retrouvé cet automne dans des téléphones portables de militants palestiniens, dont la cause continue de mobiliser une partie de la société civile marocaine, hostile à la normalisation avec Israël.

Pour Bruce Maddy-Weitzman, le Maroc n’a pas abandonné la cause palestinienne « mais a beaucoup d’autres intérêts, beaucoup d’autres bénéfices à tirer d’un recalibrage » de ses relations. « La plupart des pays dans la région ne veulent plus être otages de cette cause, ils veulent prioriser leurs propres intérêts et Israël a beaucoup à leur offrir », dit-il.

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Le Monde avec AFP

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