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La lutte du Tibétain Dhondup Wangchen contre les JO de Pékin

Le cinéaste Dhondup Wangchen, le 22 novembre 2021, à Paris. ELISA HABERER / ELISA HABERER POUR « LE MONDE »

« J’étais un simple paysan, je n’ai jamais été à l’école, mais, à un moment, je me suis dit que, tourner un film, c’était ce que l’on pouvait trouver de mieux pour donner la parole à mon peuple », se rappelle Dhondup Wangchen. Ce « moment », c’est l’hiver 2007, quand le « simple paysan » tibétain se munit d’une petite caméra et commence à faire des interviews de ses compatriotes au Qinghai, l’une des trois anciennes provinces d’un Tibet jadis indépendant. Il va en tirer un film. Son intention ? Demander aux Tibétains ce qu’ils pensent de la tenue prochaine à Pékin des Jeux olympiques, événement qui incarna, en 2008, l’irrésistible ascension de la Chine.

Ses interlocuteurs, que Dhondup Wangchen rencontre dans les campagnes ou des lieux isolés de sa région natale, vont se révéler unanimes dans leur rejet de la Chine, qui a envahi le Tibet en 1950. Ils condamnent aussi le principe de l’organisation des Jeux de Pékin, dont le message de paix et de concorde entre les peuples n’est qu’un leurre. Tout au long des vingt-quatre minutes du documentaire, intitulé « Surmonter la peur », aucun d’entre eux ne tente de nuancer son sentiment à l’égard de l’occupant chinois.

En revanche, toutes les personnes interrogées – simples citoyens, paysans, moines – y dénoncent la stratégie de peuplement des Han (l’ethnie principale de la République populaire) au Tibet. Ils confient leur crainte de devenir une minorité dans leur pays et de voir disparaître leur culture et leur langue.

« J’ai donc tourné à la veille des Jeux olympiques de Pékin. Le message officiel, garantissant que les droits humains seraient respectés, m’incitait à penser que je pouvais faire un tel film », détaille Dhondup Wangchen, rencontré à Paris lundi 22 novembre. Il ajoute, sans rire : « Après tout, la liberté d’expression est inscrite dans la Constitution chinoise. » Il finit par concéder : « Je ne peux pas dire que j’avais confiance dans la Chine, mais un peu plus dans le Comité olympique… »

Interminable ordalie

Espoirs déçus, promesses trahies : en mars 2008, alors que le film n’a encore été montré nulle part, il est arrêté sur la route de la préfecture de Golog, quelque part au Qinghai. Les policiers contrôlent son identité. On le fait attendre. Son téléphone est examiné. Il réalise qu’il ne s’agit pas d’un contrôle de routine. Il entend un policier dire : « C’est lui. » Menotté, cagoulé, il est emmené dans un « hôtel », ces lieux de détention secrets où les sbires de la police politique chinoise ont l’habitude de détenir toutes celles et ceux qui osent se dresser contre le système.

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