Sur l’île artificielle où se dresse l’hôtel Four Seasons de Manama, la capitale du petit royaume de Bahreïn, le conseiller à la sécurité nationale israélien, Eyal Hulata, est en territoire ami. Dans cette haute tour, qui domine le quartier des affaires et les eaux du golfe Persique, cet ancien du Mossad, le service de renseignement extérieur israélien, a mené, dimanche 21 novembre, un rare exercice de diplomatie publique.
M. Hulata, docteur en physique et trompettiste de jazz amateur à la voix fluette, âgé de 45 ans, ne goûte guère la lumière. Mais c’est le lot des accords dits d’Abraham, qui ont permis en 2020 la normalisation des relations d’Israël avec Bahreïn, les Emirats arabes unis, le Maroc et, de manière plus confuse, le Soudan. Au Dialogue de Manama, un forum annuel organisé par l’Institut international pour les études stratégiques (IISS), un centre de recherche britannique, M. Hulata a prêché la fermeté face à l’Iran, auprès de ses partenaires du Golfe et du grand parrain commun américain.
Israël voit d’un œil inquiet la reprise, prévue le 29 novembre à Vienne, des négociations internationales sur le programme nucléaire iranien. Ces pourparlers poussifs, engagés en avril, demeurent à l’arrêt depuis l’élection du nouveau président iranien, Ebrahim Raïssi, en juin. Durant cet intervalle, Israël est parvenu, bon gré mal gré, à tenir sous le boisseau ses dissensions avec son allié américain, qui cherche à sauver ce qui peut l’être de l’accord de 2015. Mais l’échéance approchant, leurs désaccords finissent par se voir.
M. Hulata les a exprimés en public, dimanche, en disant le peu de foi qu’a l’Etat hébreu dans la retenue de l’administration démocrate face à Téhéran, une attitude censée faciliter un accord. « L’Iran ne concédera rien simplement parce que nous le lui avons demandé gentiment. Ce n’est pas ainsi que le régime se comporte », affirme-t-il.
Un temps long pour Israël
Le retrait américain de l’accord nucléaire, en 2018, a incité Téhéran à accélérer son programme. C’est le résultat de la politique de « pression maximale » engagée par l’administration Trump contre Téhéran, en étroite coopération avec Israël. Pour Israël, cet effet boomerang ne justifie pas d’alléger les sanctions qui pèsent encore, inchangées, sur Téhéran, ni de mettre un terme aux opérations clandestines contre ses installations nucléaires et aux attaques contre ses relais en Syrie, en Irak et au Liban. « Au fil des années, il y a eu plusieurs campagnes de pression contre l’Iran (…) et elles ont été un succès, pour contraindre l’Iran à changer ses politiques », assure-t-il. Que les pourparlers de Vienne échouent, comme Israël s’y attend, ou réussissent, l’Etat hébreu s’inscrit dans un temps plus long. Mardi, son premier ministre, Naftali Bennett, n’exprimait rien de moins en affirmant que « même si l’accord [nucléaire] est ravivé, Israël ne sera pas tenu » de se plier à ses termes.
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