Alstom va vendre à l’entreprise espagnole CAF son usine de trains régionaux de Reichshoffen (Bas-Rhin), qui emploie 760 salariés, a annoncé mercredi le constructeur français de matériel ferroviaire.
Cette cession, en contrepartie de l’acceptation par la Commission européenne de la fusion d’Alstom avec le canadien Bombardier, inclut aussi ses plateformes de trains régionaux « Coradia polyvalent » et « Talent 3 », cette dernière étant « actuellement développée à Hennigsdorf, en Allemagne », a précisé le constructeur ferroviaire dans un communiqué commun avec CAF.
L’entreprise ibérique « se félicite de cette transaction qui lui permettra de poursuivre son développement grâce aux compétences et au savoir-faire des sites concernés ». De même source, « La clôture de la transaction est prévue entre avril et septembre 2022 ». Le montant n’a en revanche pas été divulgué dans l’immédiat.
CAF s’est imposé après le retrait de l’autre repreneur en lice, le tchèque Skoda Transportation, selon le quotidien Les Echos.
Des négociations exclusives nouées avec Skoda n’avaient pas abouti à l’échéance du 31 juillet dernier, et un délai supplémentaire avait été accordé à Alstom par la Commission pour trouver un repreneur. Outre Skoda, CAF s’était manifesté mais le japonais Hitachi n’avait pas donné suite.
Dans l’usine Alstom de Reichshoffen, en Alsace, le 4 octobre 2019, à l’occasion de la présentation officielle de la rénovation des rames de RER B (AFP/Archives – PATRICK HERTZOG)
Les syndicats de Reichshoffen avaient exprimé leur préférence pour le groupe espagnol par rapport à Skoda – homonyme mais sans lien avec la filiale automobile de Volkswagen -, estimant supérieures sa « capacité technique » et son « assise commerciale ».
De fait, mercredi, le porte-parole de l’intersyndicale CGT/FO/CFE-CGC de Reichshoffen, Daniel Dreger, a salué « une nouvelle qui rassure les salariés », CAF étant en train de « gagner beaucoup de contrats et de grignoter des parts de marché (…) Ils ont une charge de travail conséquente par rapport à ce que Skoda pouvait nous amener ».
« Par ailleurs, il faut savoir que Alstom ne nous laisse pas tomber, Alstom nous amène une charge de travail jusqu’à mi-2026, en ce qui concerne les études et la production industrielle », a déclaré M. Dreger à l’AFP.
« Même après la vente, nous resterons en consortium pour la production des trains Regiolis, notamment à hydrogène, donc le site de Reichshoffen va continuer à produire les trains Regiolis, dont on attend encore certaines commandes en France », a-t-il ajouté.
Il a assorti cette satisfaction d’un bémol: « bien sûr, il y a de l’amertume de quitter Alstom (…) c’est un groupe de 75.000 personnes, là nous allons rejoindre un groupe composé de 4.500 à 6.000 personnes en Europe ». « Tout ce que nous avions obtenu chez Alstom, il faudra batailler chez CAF pour obtenir des accords, et ça ne sera pas une mince affaire », a également prévenu le responsable syndical.
Alstom a bouclé début 2021 l’absorption de son concurrent Bombardier Transport pour 5,5 milliards d’euros, devenant le numéro 2 mondial de la construction ferroviaire derrière le chinois CRRC mais devant l’allemand Siemens Mobility.
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