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Le maréchal Al-Sissi, précieux client de l’industrie d’armement française

Emmanuel Macron accueille le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi avant un sommet international sur la Libye, à Paris, le 12 novembre 2021. GONZALO FUENTES / REUTERS

Lors de sa première visite officielle à Paris en novembre 2014, six mois après son élection, le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi avait été reçu par François Hollande et, chose rare, également au palais de Brienne par le ministre de la défense d’alors, Jean-Yves Le Drian.

Entre les deux hommes, les relations étaient déjà étroites. Le maréchal Al-Sissi lui avait exprimé son intention d’acheter vingt-quatre avions Rafale, la première vente à l’export à se matérialiser pour le chasseur de Dassault. En août 2015, des Rafale survolaient le canal de Suez, sous les applaudissements du maréchal Al-Sissi et du président Hollande, qui négociaient déjà un nouveau contrat : la vente des deux porte-hélicoptères Mistral jusqu’alors destinés à la Russie.

Le ton des relations entre la France et l’Egypte du président Al-Sissi était donné. Déjà partenaire commercial de premier plan de Paris, Le Caire allait devenir, avec le soutien financier de l’Arabie saoudite et des Emirats arabes unis, l’un des principaux clients de l’industrie d’armement française.

Le dernier rapport de l’Assemblée nationale sur les exportations de matériel de guerre place l’Egypte au troisième rang avec plus de 6,6 milliards d’euros de ventes sur la période 2011-2020. « La France a profité des relations exécrables d’Al-Sissi avec le président américain Barack Obama, puis peu enthousiastes avec Donald Trump, pointe Denis Bauchard, conseiller à l’Institut français des relations internationales (IFRI). M. Al-Sissi a voulu diversifier ses interlocuteurs, comme avec la Chine et la Russie. »

Inquiétude commune

Encouragé par Riyad et Abou Dhabi, les moteurs de la contre-révolution arabe, Paris a embrassé sans ciller le maréchal Al-Sissi, qui se présentait alors comme le « rempart contre le terrorisme ». Au même moment, l’organisation Etat islamique proclamait son « califat » en Irak et en Syrie, attirant des milliers de djihadistes étrangers et inspirant des attentats en Europe. La lutte antiterroriste et celle contre l’immigration illégale sont depuis au cœur du partenariat stratégique bilatéral, avec une inquiétude commune sur la déstabilisation de la Libye. « L’Egypte, pays le plus peuplé et centre de gravité du Moyen-Orient, est restée l’un de nos principaux partenaires. La France considère que, dans le contexte du chaos qui prévaut dans la région, l’Egypte mène une politique étrangère qui va dans le sens de la stabilité », poursuit Denis Bauchard.

Quitte, pour le président Hollande comme pour son successeur Emmanuel Macron, à ne pas « vouloir donner de leçons » au président Al-Sissi sur la répression d’ampleur menée sous couvert de lutte antiterroriste. Arrestations arbitraires, tortures et disparitions forcées, procès de masse : les organisations de défense des droits de l’homme ne cessent de dénoncer l’étouffement systématique des voix critiques du régime, qu’il s’agisse d’islamistes ou d’opposants laïcs et de gauche. Leurs constats n’ont donné lieu qu’à quelques remarques mesurées de MM. Hollande et Macron en public, et à des négociations au cas par cas en privé.

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