Chronique. Pendant une heure et vingt-cinq minutes, Kamala Harris a été la première femme à occuper la présidence des Etats-Unis, vendredi 19 novembre. Une nouvelle fois, l’ancienne sénatrice de Californie, première femme et « femme de couleur », selon l’expression américaine, à occuper la vice-présidence, a marqué l’histoire : cette fois à la faveur d’une brève anesthésie générale du président Joe Biden, soumis à une coloscopie à l’hôpital Walter Reed – impitoyablement programmée à la veille de son anniversaire (le 79e).
Tout s’est bien passé. La république a survécu à cette brève interruption dans le règne multiséculaire des « vieux mâles blancs », selon les commentaires des féministes sur les réseaux sociaux. Les hommages ne sauraient cependant cacher l’avalanche de critiques déversées sur l’ex-procureure de Californie depuis son arrivée à Washington. Elle qui n’avait visité que deux fois la Maison Blanche avant d’y occuper le poste de doublure présidentielle n’a pas bénéficié du moindre état de grâce. Ni même de l’aimable indifférence qui est réservée aux vice-présidents – jusqu’à ce qu’ils se lancent dans la course à la succession pendant l’éventuel deuxième mandat.
Allez savoir pourquoi (quoique certaines féministes intersectionnelles aient des soupçons) Kamala Harris est épiée et critiquée à chacun de ses moindres faits, gestes et déplacements. Ou non-déplacements, en ce qui concerne celui qu’elle a tardé à effectuer, selon ses détracteurs, à la frontière mexicaine. Joe Biden avait lui aussi hérité d’une mission anti-immigration de la part de son « boss », Barack Obama, quand il était vice-président, mais personne ne se souvient qu’il ait été tenu responsable de la poursuite de l’afflux de jeunes migrants à la frontière.
Machine à broyer
Les féministes multiplient les exemples de double standard. Pendant leur premier mandat, personne ne faisait grand cas des tensions entre Bill Clinton et Al Gore. S’agissant de Mme Harris, les rumeurs sur les frictions avec les conseillers de M. Biden circulent déjà. Généralement, personne ne tire de conclusions sur la cote de popularité du vice-président, de toute façon moindre que celle du président. Celle de Mme Harris, inférieure de deux points à celle de M. Biden, fait les gros titres. Bref, la machine à broyer et la spirale de dénigrement des médias conservateurs – qui finissent toujours par entraîner les autres – sont en marche.
A son retour de France, Kamala Harris a fait l’objet de commentaires horrifiés des talk shows sur Fox News. Lors de sa visite à l’institut Pasteur le 9 novembre, elle avait souligné l’importance de la rigueur scientifique dans les décisions de santé publique, la prééminence de la méthodologie, du plan. « The plan », avait-elle répété en insistant sur le « The », prononcé « Thee » (« zi »). Suivant un raisonnement qui reste pour beaucoup un mystère, la droite a vu dans cet article défini très appuyé une tentative d’imiter l’accent zézayant des Français quand ils disent « the ». Autant dire une « gaffe » ayant « endommagé le standing de l’Amérique sur la scène internationale », a hasardé l’ancien secretaire d’Etat Mike Pompeo.
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