Publié le : 23/11/2021 – 17:41
L’ONU va évacuer d’ici jeudi les familles de ses employés internationaux en Éthiopie tandis que la France appelle ses ressortissants à quitter « sans délai » le pays, où des combats se rapprochent de la capitale après plus d’une année de guerre entre forces gouvernementales et rebelles dans le nord du pays.
Les évacuations se multiplient face aux combats. L’Organisation des nations unies (ONU) veut évacuer d’ici jeudi 25 novembre les familles de ses employés situés en Éthiopie, alors que la France a également appelé mardi 23 novembre à tous ses ressortissants à quitter « sans délai » le pays, face aux combats, entre forces rebelles du Tigré et le gouvernement fédéral, qui se rapprochent de la capitale Addis Abeba après un an de guerre.
Un document interne des services de sécurité de l’ONU, daté de lundi 22 et consulté mardi 23 novembre par l’AFP, demande à l’organisation de « coordonner l’évacuation et d’assurer que tous les membres éligibles des familles du personnel recruté à l’étranger quittent l’Éthiopie au plus tard le 25 novembre 2021. »
Parallèlement, « tous les ressortissants français sont formellement appelés à quitter le pays sans délai », affirme l’ambassade de France à Addis Abeba dans un courriel envoyé aux membres de la communauté française.
Avant la France, plusieurs pays dont le Royaume-Uni et les États-Unis, ont exhorté leurs citoyens à quitter l’Éthiopie, où la communauté internationale ne parvient pas à obtenir un cessez-le-feu.
L’ambassade française, qui dit prendre cette décision au vu de « l’évolution de la situation militaire », ajoute prévoir de faciliter le départ des ressortissants sur des vols commerciaux en réservant des sièges et « si nécessaire » d’affréter un vol charter.
Selon l’ambassade, plus de 1 000 Français vivent en Éthiopie. Un responsable de l’ambassade a déclaré à l’AFP que des départs « volontaires » du personnel pourraient avoir lieu, notamment parmi les familles.
Alors que l’émissaire américain pour l’Éthiopie Jeffrey Feltman a fait état mardi de « progrès naissants » en vue d’une résolution diplomatique du conflit, il a prévenu que « l’escalade » militaire risquait de les rendre vains. « Ce qui nous inquiète, c’est que les développements alarmants sur le terrain avancent plus vite que ces progrès fragiles », a-t-il déclaré à des journalistes, au retour d’une nouvelle mission à Addis Abeba.
Des forces rebelles à 30km de la capitale ?
Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a envoyé début novembre 2020 l’armée fédérale au Tigré afin de destituer les autorités de cette région, issues du Front de libération du Tigré (TPLF), qui défiaient son autorité et qu’il accusait d’avoir attaqué des bases militaires.
Le Prix Nobel de la paix 2019 avait proclamé la victoire trois semaines plus tard, après la prise de la capitale régionale Mekele. Mais en juin, les combattants pro-TPLF ont repris l’essentiel du Tigré et ont poursuivi leur offensive dans les régions voisines de l’Amhara et de l’Afar.
Fin octobre, le TPLF a revendiqué la prise de deux villes-clés en Amhara, se rapprochant ainsi de la capitale – ce qu’avait démenti le gouvernement éthiopien.
Le TPLF, qui s’est allié avec un groupe rebelle oromo actif dans la région qui entoure la capitale, a affirmé cette semaine se trouver à Shewa Robit, à 220 km au nord-est d’Addis Abeba.
Le gouvernement n’a pas commenté cette information.
Selon des diplomates au fait de la situation sécuritaire, certains combattants rebelles auraient atteint la localité de Debre Sina, plus proche d’environ 30 km de la capitale.
Le discours guerrier d’Abiy Ahmed inquiète la communauté internationale
Lundi, Abiy Ahmed a dit vouloir aller sur le front pour diriger les soldats affrontant les rebelles.
« À partir de demain, je serai mobilisé sur le front pour mener les forces armées », a déclaré le Premier ministre dans un communiqué posté sur Twitter. « Ceux qui veulent être parmi les enfants éthiopiens qui seront salués par l’histoire, levez-vous pour le pays aujourd’hui. Retrouvons-nous au front ».
Cette déclaration ne devrait pas rassurer la communauté internationale, qui a ces dernières semaines intensifié ses efforts diplomatiques pour tenter d’obtenir un accord de cessez-le-feu.
Mardi, les chefs d’État sud-africain et kényan, Cyril Ramaphosa et Uhuru Kenyatta, ont réitéré l’appel à un cessez-le-feu lors d’une rencontre à Pretoria.
« Les parties au conflit doivent d’urgence s’engager à respecter un cessez-le-feu immédiat, illimité et négocié », a déclaré le président sud-africain.
De leur côté, l’émissaire de l’UA pour la Corne de l’Afrique, l’ex-président nigérian Olusegun Obasanjo, et son homologue américain Jeffrey Feltman s’étaient rendus une nouvelle fois en Éthiopie jeudi dernier.
Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a récemment averti des risques « d’implosion » de l’Éthiopie si aucune solution politique n’est trouvée.
Par ailleurs, des centaines de milliers de personnes sont selon l’ONU au bord de la famine au Tigré en raison du conflit, qui a également fait des milliers de morts et plus de deux millions de déplacés.
Le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies a annoncé mardi à Genève le lancement d’une « importante » opération d’aide humanitaire pour aider plus de 450 000 personnes dans le nord, à Dessie et Kombolcha.
Avec AFP
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