On parle beaucoup de drogue dans le quartier de la gare de Luxembourg et, ici, affirme Lucas, un habitant de la rue Junck, c’est le seul commerce qui fonctionne vraiment. « Si je le pouvais, je m’en irais, mais il devient de plus en plus difficile de revendre un appartement. Parce qu’après 16 heures, ce quartier appartient aux dealers. »
Bagarres nocturnes, menaces sur les riverains, occupation des entrées d’immeubles, patrouilles de police inopérantes : les récits sont toujours un peu les mêmes et tranchent avec l’apparente quiétude de ces quelques artères mal éclairées mais qui, a priori, n’ont pas l’air de vrais coupe-gorge. « Vous savez, les gens exagèrent souvent… », sourit un vigile désormais mobilisé pour sécuriser le quartier au côté de la police. Cette force privée a fait parler d’elle récemment quand l’un de ses chiens a blessé un homme. Le quartier se souvient aussi de la récente arrestation d’un vendeur, porteur de près de deux cents doses d’héroïne et de cocaïne.
Et à part ça ? « Ce qui énerve surtout les riverains, c’est la persistance du problème depuis plusieurs années », relève Lucas. Avec la présence, maintes fois dénoncée, de dealers d’origine africaine, porteurs de papiers italiens ou français. Cela a fini par devenir un sujet de conflit entre la mairie de la ville et le ministère de la sécurité, taxé d’immobilisme. En 2020, quatre ministres ont dès lors promis un renforcement des contrôles, une coopération avec les pays voisins pour la traque aux revendeurs et une loi pour attaquer « à la racine » la question de la toxicomanie.
Casser les réseaux de production
« Les quarante ou cinquante dernières années ont démontré que par la seule répression, on n’aboutit pas à grand-chose », déclare au Monde la ministre de la justice, Sam Tanson. Elle appartient au parti Déi Gréng (les Verts), l’une des trois formations de la coalition qui regroupe aussi les libéraux du premier ministre Xavier Bettel et les socialistes. Depuis sa création, dans les années 1980, le parti écologiste plaide pour que la question des stupéfiants soit abordée différemment. Il parle prévention, sensibilisation, autre approche criminelle et, dans un premier temps, de la nécessité de casser les réseaux de production et de vente de la drogue la plus répandue, le cannabis.
C’est dans ce but qu’a été présenté, à la fin octobre, un premier projet qui a beaucoup fait parler, au-delà des frontières étroites du Grand-Duché. Il vise à ce que tout résident majeur puisse faire pousser chez lui des plans de cannabis, quatre au maximum. Pour sa consommation personnelle, dans la sphère privée, précisaient les autorités. Le commerce et l’importation des graines seront également autorisés, sans limite de quantité ou du niveau de THC, le constituant psychoactif.
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