Avant de revenir au premier plan en 2021, et de gagner quatre étapes du Tour de France, Mark Cavendish a connu un énorme creux, atteint du virus Epstein-Barr puis de dépression. Dans un entretien pour le Guardian, il est revenu sur cette période délicate.
Mark Cavendish a connu cette année une renaissance inattendue. Après un peu plus de trois ans sans victoire, il a de nouveau levé les bras, jusqu’à remporter quatre étapes sur le Tour de France, où il a égalé le record de succès d’Eddy Merckx. « Je ne m’attendais à rien, alors quand c’est arrivé, c’était beau, a-t-il expliqué dans un entretien accordé au Guardian. Toute ma carrière, les gens me disaient ‘bien joué’. Mais maintenant, ils me disent ‘merci’. Je suis réellement touché par ça. »
Le sprinteur britannique, aujourd’hui âgé de 36 ans, a surtout pris le temps de raconter son retour au sommet du sprint mondial après des épisodes compliqués. Début 2017, il lui avait été diagnostiqué le virus Epstein-Barr, qui l’avait cloué au lit pour plusieurs semaines. Stressé, épuisé physiquement, le « Cav » avait besoin de repos. Mais les médecins qui l’entouraient alors lui ont conseillé de reprendre trop tôt.
« Je pensais vraiment que c’était une excuse »
« J’avais toujours Epstein-Barr et la seule chose qui aide, c’est le repos complet, explique-t-il. Je faisais l’inverse, parce que des professionnels de la médecine m’avaient dit que j’allais bien, que je pouvais reprendre l’entraînement. J’ai arrêté de manger parce qu’il fallait que je perde du poids, et c’est devenu n’importe quoi. J’ai développé une dépression clinique. »
Une période qui a changé la vision de Mark Cavendish sur certains sujets. « Avant d’avoir cette dépression, je faisais partie de ces gens qui ne prenaient pas au sérieux la santé mentale, confie le Britannique. Je pensais vraiment que c’était une excuse. (…) C’était le karma que je sois ensuite touché par ça. Cet état d’esprit d’en parler comme une excuse fait des dégâts. Ça n’aide pas les gens à aller mieux, au contraire, ça empire la situation. »
Encore aujourd’hui, alors qu’il est sorti de cette dépression, l’ancien champion du monde a du mal à décrire les étapes qu’il a traversé. « C’est dingue à quel point vous devenez fragile, illogique. Vous n’êtes plus en contrôle. Ce n’est pas que vous vous en moquez. Vous vous en moquez trop pour penser que vous vous en moquez. Il n’y a rien. C’est vide. Je ne peux pas donner une image, parce que c’est l’opposé de n’importe quelle image qu’on pourrait donner. Ma vie de famille en a souffert, ma carrière en a souffert. Mes enfants étaient trop jeunes pour comprendre, mais c’était dur pour Peta (Todd, sa femme, ndlr), c’est sûr. »
A l’époque, Cavendish se sent lâché par certaines personnes du milieu. « C’est horrible. Ça m’a brisé le cœur de voir combien de personnes méprisables il y a dans ce sport. Et juste dans le monde en général. » Il revient par la toute petite porte, en 2021. Il signe chez Deceuninck Quick-Step au salaire minimum et avec l’obligation de ramener un sponsor personnel. « Les étoiles n’étaient pas alignées, dit-il aujourd’hui. C’est moi qui ai mis les étoiles dans les bonnes positions. » Un petit coup de pouce du destin, à savoir la blessure de Sam Bennett peu avant le Tour, a fait le reste. Le « Cav » s’est retrouvé au départ de Brest. L’histoire était de nouveau en marche.
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