Le répit aura été de courte durée. Pour la deuxième fois en moins de six mois, l’Ukraine est confrontée à une nouvelle escalade avec Moscou à ses frontières, où des mouvements de troupes russes « inhabituels » ont été observés ces dernières semaines, faisant craindre une opération militaire d’ampleur.
Les Etats-Unis ont été les premiers à donner l’alerte. Le 30 octobre, des responsables américains font part de leur préoccupation dans le Washington Post face à un « nouveau renforcement » des soldats russes aux frontières à l’Est, où l’Ukraine est en guerre depuis 2014 face à des séparatistes prorusses soutenus par Moscou, qui avait annexé la Crimée la même année. Le quotidien américain mentionne des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, montrant des trains militaires russes et des convois de camions transportant d’importantes quantités de matériel militaire, dont des tanks et des missiles. Le lendemain, le porte-parole du Pentagone, John Kirby, prévient alors que « toute escalade ou mesure agressive serait source de grande inquiétude pour les Etats-Unis ». En quelques jours, l’OTAN, l’Union européenne, l’Allemagne et la France se mettent à l’unisson et enjoignent à Moscou de faire preuve de transparence et à éviter de commettre une « grave erreur ».
La réaction des autorités ukrainiennes, en revanche, sème la confusion. Dans un premier temps, Kiev dément. « Aucun déploiement supplémentaire d’unités, d’armes et d’équipements militaires russes vers la frontière de l’Ukraine n’a été observé », déclare le ministère ukrainien de la défense au lendemain des premières publications dans la presse américaine. Les mouvements signalés ne sont que des « déplacements de troupes après des exercices », précise-t-il alors, estimant que la diffusion d’allégations sur un renforcement de l’armée russe pourrait être une opération « psychologique » visant à déstabiliser l’Ukraine.
Un étrange « décalage »
« Au début, quand on a vu que la presse américaine parlait d’un nouveau renforcement des troupes, on était très surpris, parce que nos services de renseignement et nos militaires ne voyaient rien, raconte un proche du gouvernement. C’est pour cela que nos premières déclarations étaient calmes : on ne veut pas semer la panique pour rien. »
Le décalage entre le ton alarmant de Washington et celui de Kiev sème toutefois la méfiance au sein de la population. A défaut de paniquer, elle s’interroge : qui dit vrai ? Que se passe-t-il exactement aux frontières ? Les services de renseignement ukrainiens se seraient-ils trompés ? Le gouvernement a-t-il mal compris ce que les militaires lui expliquaient ? Aujourd’hui encore, de nombreux Ukrainiens restent circonspects.
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