Publié le : 21/11/2021 – 13:15
Les Chiliens sont appelés à voter dimanche pour le premier tour de l’élection présidentielle, deux ans après une crise sociale qui a laissé des traces profondes dans la société. Sept candidats sont en lice pour succéder au président conservateur Sebastian Piñera.
Deux ans après un soulèvement social sans précédent contre les inégalité sociales et en plein processus de rédaction d’une nouvelle Constitution, un Chili en plein doute se rend aux urnes dimanche pour une élection présidentielle particulièrement indécise.
Quinze millions de Chiliens sont appelés à désigner parmi sept candidats le successeur du président conservateur Sebastian Piñera, 71 ans, qui après deux mandats ne peut pas se représenter et quitte le pouvoir sur une cote de popularité au plus bas (12 %).
Parmi les deux favoris des derniers sondages, crédités d’environ un quart des intentions de vote, on trouve deux candidats situés aux extrêmes du paysage politique et en dehors des coalitions de droite et de centre gauche qui ont gouverné le pays depuis la fin de la dictature d’Augusto Pinochet (1973-1990).
D’un côté, Gabriel Boric, 35 ans, ancien leader étudiant et candidat de la coalition de gauche « Apruebo dignidad » qui comprend notamment les communistes ; de l’autre, José Antonio Kast, avocat de 55 ans et chef du mouvement d’extrême droite Parti républicain, qui surfe sur l’impopularité du gouvernement sortant.
Incertitude autour de la participation des jeunes
« Ceux qui n’ont jamais été favoris apparaissent désormais comme des favoris », constate pour l’AFP Raul Elgueta, politologue à l’Université de Santiago. « Ce sont les dernières élections de l’ancien cycle et elles pourraient avoir une issue différente de ce que nous avons eu » jusqu’à présent, ajoute l’universitaire.
Juste derrière les deux favoris se détachent deux anciens ministres, la démocrate-chrétienne (centre-gauche) Yasna Provoste, 51 ans, et le libéral de droite, Sebastian Sichel, 44 ans.
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Mais la faible fiabilité des sondages (démontrée lors de récents scrutins), leur interdiction deux semaines avant l’élection, conjuguée à une forte proportion d’indécis et une augmentation des cas de Covid-19, rendent difficile toute prédiction sur les qualifiés pour le second tour du 19 décembre.
Autre inconnue, la participation des jeunes, fortement mobilisés dans la rue depuis le soulèvement de fin 2019 pour plus de justice sociale, mais qui expriment régulièrement leur peu d’intérêt envers les propositions des candidats.
Selon une étude de l’Institut national de la Jeunesse, 77 % des jeunes iront « probablement » ou « assurément » voter dimanche.
Ce scrutin particulièrement ouvert intervient deux ans tout juste après une crise sociale inédite dans le pays sud-américain pour réclamer une société plus juste après des décennies de politiques ultra-libérales.
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Gabriel Boric pourrait profiter de l’aspiration de très nombreux Chiliens à plus d’égalité sociale, une réforme du régime privé des retraites et une présence accrue de l’État dans les secteurs de la santé et de l’éducation.
« Il est extrêmement important (…) de construire un État qui garantisse les droits, la dignité et l’égalité, la seule façon d’avoir de la stabilité », a fait valoir vendredi le plus jeune candidat présidentiel de l’histoire du Chili, lors de son dernier meeting.
Mais les analystes ont également observé une récente montée de l’extrême droite face aux actions violentes des protestataires les plus radicaux et nourrie par les préoccupations croissantes des électeurs concernant l’immigration illégale et la criminalité.
« Une période difficile » pour « celui qui sera élu »
D’autant que la pandémie a fait monter le chômage, creusé la dette et que l’inflation avoisine désormais 6 %, une nouveauté dans le pays. « Deux modèles de société s’affrontent. Celui que nous représentons, de liberté et de justice, et (…) un pays dont nous ne voulons pas et qui tomberait dans le chaos, la faim et la violence », a déclaré José Antonio Kast, à la clôture de sa campagne, aux côtés de son épouse et de huit de ses neuf enfants.
Quel qu’il soit « celui qui sera élu président affrontera une période difficile », prédit Claudia Heiss, professeure de sciences politiques à l’Université du Chili, soulignant les risques de « conflit social » lorsque les aides ayant permis de soutenir l’économie pendant la pandémie prendront fin.
Autre incertitude, la Constitution qui sortira des travaux entamés en juin par l’Assemblée constituante. Le texte, qui pourrait revoir les prérogatives du président et du Parlement, sera soumis aux Chiliens par référendum au cours du mandat à venir.
Dimanche, les Chiliens vont aussi renouveler leurs 155 députés, 27 des 43 sénateurs et les conseils régionaux. Les bureaux de vote seront ouverts de 8 h à 18 h locales (11 h à 21 h GMT). Les résultats sont attendus dans la soirée.
Avec AFP
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