Dans un an tout juste, le Qatar disputera le match d’ouverture de la Coupe du monde 2022. Sa Coupe du monde. Si la sélection du Moyen-Orient a bien progressé ces dernières années, en témoigne son sacre lors de la Coupe d’Asie 2019, ses récentes prestations contre des équipes européennes incitent toutefois à la mesure.
On ne connait pas encore le nom de leur adversaire, mais dans un an tout pile, ce sera leur moment. Leur grand moment. Le 21 novembre 2022 à Doha, douze ans après la désignation polémique de l’état gazier comme pays organisateur, les joueurs de l’équipe nationale du Qatar donneront le coup d’envoi de la prochaine Coupe du monde, à domicile. Avec la ferme intention d’être des acteurs de l’événement, et pas seulement des témoins, des faire-valoir des grosses nations. Car Al-Annabi, l’équipe vêtue de pourpre, a eu le temps de s’y préparer.
Une progression constante au classement Fifa
Regardons les chiffres, déjà. Lorsque le Mondial 2022 a été attribué à l’émirat fin 2010, le Qatar était alors 113e nation au classement Fifa. Un Petit Poucet du football international, un inconnu. Aujourd’hui, il pointe au 46e rang, juste derrière le Costa Rica de Keylor Navas. Pour vous donner une idée, c’est mieux que ses rivaux locaux, l’Arabie saoudite (49e) et les Emirats arabes unis (71es), c’est mieux aussi que certaines nations fortes du foot africain, comme le Ghana (52e), la Côte d’Ivoire (53e) ou le Cameroun (54e), et mieux encore que la Finlande (60e), dernier adversaire des Bleus.
Si la progression du pays a été constante ces dix dernières années, le Qatar a tout de même fait un sacré bond en avant en 2019, lorsqu’il a remporté à la surprise générale et pour la première fois de son histoire la Coupe d’Asie des nations, en battant au passage la Corée du Sud, les Emirats – qui accueillaient le tournoi – et surtout le Japon en finale (3-1).
Le Qatar soulevant la Coupe d’Asie 2019 © Icon Sport
Un groupe de joueurs locaux, à la philosophie « catalane »
L’ossature de l’équipe nationale actuelle est sensiblement la même que lors de ce sacre historique. Le Qatar présente un groupe avec une moyenne d’âge de 26 ans (un poil plus jeune que la France, pour comparaison), avec seulement une poignée de joueurs naturalisés, comme les défenseurs Pedro Miguel (né au Portugal) et Boualem Koukhi (né en Algérie), ou les attaquants Almoez Ali (né au Soudan) et Mohammed Muntari (né au Ghana). Les autres sont nés au Qatar, et surtout, la totalité des internationaux évoluent dans le championnat local, principalement à Al-Duhail et Al Sadd, les deux plus gros clubs qatariens.
Chez les plus jeunes, une majorité est passée par la très moderne académie ASPIRE, financée par le gouvernement depuis le début des années 2000 pour développer les athlètes locaux, et donc soutenir à long terme la politique de « soft power » en faisant briller le Qatar dans des événements sportifs internationaux. Sélectionneur depuis 2017, l’Espagnol Felix Sanchez (45 ans) y a également travaillé de 2006 à 2013. Avant ASPIRE, le technicien était entraîneur des jeunes à la Masia, le centre de formation du FC Barcelone.
Le Barça, le Qatar, ça vous dit quelque chose ? Xavi, évidemment. Tout juste nommé sur le banc du club blaugrana, l’ancien milieu de terrain a dirigé Al Sadd de juillet 2019 à novembre 2021. En imprégnant lui aussi ses joueurs (dont une douzaine d’internationaux) d’une philosophie de jeu catalane. Si vous voyez le Qatar s’efforcer de conserver la balle, et de la sortir proprement depuis sa surface, en la gardant au sol, ne vous étonnez pas.
Évidemment, le Qatar n’a pas d’Ansu Fati, de Gavi ou de Sergio Busquets à disposition. Mais il dispose de joueurs intéressants, notamment sa doublette d’attaquants Akram Afif (24 ans) – Almoez Ali (25 ans), principaux dangers offensifs de l’équipe.
Une année 2021 riche en enseignements
Très en vue lors la Coupe d’Asie 2019, les deux ont souvent été associés depuis, et ils ont pu avaler, comme leurs camarades, des matchs internationaux en 2021. Après une année 2020 quasiment blanche en raison de la pandémie de Covid-19, le Qatar a été invité à participer à la Gold Cup, la Coupe d’Amérique centrale et du nord organisée par la Concacaf, mais également aux éliminatoires européens de la Coupe du monde. L’occasion, comme lors de la Copa America 2019, de se tester face à de nouveaux adversaires.
Lors de la Gold Cup, en juillet dernier, le Qatar a terminé premier de son groupe avec un nul contre le Panama (3-3), une victoire contre la Grenade (4-0) et une contre le Honduras (2-0). Il a ensuite battu le Salvador en quarts (3-2) devant plus de 60.000 spectateurs à Glendale (Arizona), avant de chuter en demi-finale contre les Etats-Unis – futurs vainqueurs du tournoi – sur un but tardif à la 86e minute de jeu (1-0). Le tout en ayant manqué un penalty.
En ce qui concerne les qualifications européennes, l’émirat a été versé de manière « amicale » dans le groupe A du Portugal, de la Serbie, de l’Irlande, du Luxembourg et de l’Azerbaïdjan, le tout en jouant ses matchs « à domicile » en Hongrie, pour faciliter les déplacements de ses adversaires. Face à des nations d’un calibre supérieur, le bilan est moyen : le Qatar a certes signé deux victoires, à savoir les deux premiers matchs en mars contre le Luxembourg (1-0) et l’Azerbaïdjan (2-1) et trois nuls (1-1 contre l’Irlande, 1-1 au Luxembourg, 2-2 en Azerbaïdjan dimanche dernier), mais il a aussi concédé cinq lourdes défaites (4-0 et 4-0 contre la Serbie, 3-1 et 3-0 contre le Portugal, 4-0 en Irlande). Si ses matchs avaient été comptabilisés, l’équipe aurait pu jouer la quatrième place de ce groupe, derrière la Serbie, le Portugal et l’Irlande, mais devant le Luxembourg et l’Azerbaïdjan. Ce qui donne sans doute un aperçu de son niveau actuel.
En 2022, les Qatariens auront peut-être l’occasion de défier cette fois les Bleus, puisque le président de la FFF Noël Le Graët a laissé entendre dernièrement que l’équipe de France pourrait participer courant mars à un tournoi amical à Doha. Mais avant cela, le Qatar va avoir droit ces prochaines semaines à une grande répétition du Mondial 2022, en accueillant la Coupe arabe de la Fifa (30 novembre-18 décembre). Les hommes de Felix Sanchez y défieront au premier tour Bahreïn, Oman, et l’Irak.
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