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Au Chili, l’Assemblée constituante écrit l’avenir du pays

Une réunion des membres de l’Assemblée constituante chilienne ouverte à la société civile, le 17 novembre 2021, à Santiago. CRISTOBAL OLIVARES POUR «LE MONDE»

Ce mercredi 17 novembre, sous les moulures de l’hémicycle accueillant l’Assemblée constituante, au sein de l’ancien Congrès de Santiago, un silence inhabituel : ses 155 élus se trouvent sur le terrain, afin de transmettre aux habitants de leur district les avancées de leur travail – une activité obligatoire dans le cadre de leur mandat. L’existence de cette assemblée est sans précédent. Et, bien plus que l’élection du prochain président, ses décisions pourraient marquer la vie du Chili pour les prochaines décennies : elle doit élaborer la nouvelle loi fondamentale du pays, un changement souhaité par 78 % des électeurs lors d’un référendum au mois d’octobre 2020, avant l’élection des rédacteurs de ce nouveau texte en mai 2021.

Il s’agit du principal acquis de l’historique mouvement social de 2019 : dans la rue, les Chiliens avaient réclamé l’enterrement de l’actuelle Constitution, approuvée en pleine dictature (1973-1990), accusée de graver dans le marbre les bases néolibérales du pays. « Malgré la fragmentation de sa composition, l’Assemblée est parvenue à adopter son règlement dans les temps impartis, en trois mois, c’est une réussite », remarque la politiste Pamela Figueroa, membre de l’Observatoire de la nouvelle Constitution, un groupe d’universitaires qui analyse les mécanismes de l’Assemblée et la conseille sur le plan technique. Le règlement adopté établit notamment le vote aux deux tiers des voix pour l’approbation des textes, poussant les constituants aux négociations et compromis.

Autre axe fort du cadre qu’elle s’est donné pour ses douze mois de travail, officiellement démarrés au mois de juillet : la participation citoyenne, avec des rencontres sur le terrain, des audiences publiques ouvertes à la société civile, la possibilité pour les Chiliens de réunir des signatures pour l’étude de propositions concrètes. « C’est fondamental, car cela conditionne sa légitimité, mais aussi la participation au référendum d’approbation du texte, autour du mois de septembre 2022 probablement », anticipe Tomas Jordan, politiste et avocat, également membre de l’Observatoire de la nouvelle Constitution.

« Logique partisane gauche-droite »

La préparation de la rédaction, autour de commissions thématiques, a été lancée le 18 octobre, une date symbolique marquant le deuxième anniversaire du mouvement social de 2019. La teneur générale du texte final ne génère cependant pas de suspense, l’Assemblée penchant franchement à gauche : elle devrait consacrer de nouveaux droits sociaux – accès aux soins, à l’éducation, à un système de retraite, tous publics et de qualité –, mais aussi la décentralisation du pouvoir, la protection de l’environnement, la reconnaissance des populations indigènes.

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