Depuis une dizaine de jours, opposants, commentateurs et journalistes politiques britanniques s’interrogent : la bonne étoile de Boris Johnson serait-elle en train de pâlir ? Celle qui lui a permis de sortir de dix-huit mois de crise sanitaire sans trop de dommages dans les sondages et de maintenir la cohésion de son Parti conservateur malgré ses coups de barre à gauche (ses hausses d’impôts). Il est vrai que le premier ministre britannique traverse une mauvaise passe depuis que, début novembre, il a déclenché malgré lui une avalanche de révélations sur les pratiques douteuses, voire corrompues, d’élus de son parti en tentant maladroitement de protéger un des leurs, Owen Paterson, pourtant convaincu de pratiques de lobbying interdites à Westminster.
Mercredi 17 novembre a été une journée éprouvante pour Boris Johnson. En plus d’un rhume persistant, le premier ministre britannique, les traits fatigués, le verbe hésitant, a dû endurer à la Chambre des communes une séance des questions au premier ministre électrique. Keir Starmer, le chef de file de l’opposition travailliste, y a traité le dirigeant de « lâche », pour ne pas s’être excusé d’avoir voulu suspendre une sanction décidée contre M. Paterson. M. Johnson a enchaîné avec deux heures de questionnaire serré par le « liaison committee », une commission parlementaire ad hoc, où il est apparu très nerveux.
Version « édulcorée »
En soirée, il devait encore affronter les membres du « comité 1922 », un puissant club d’élus conservateurs, très remontés contre sa gestion complètement ratée du cas Paterson. Pas un jour ne passe, depuis début novembre, sans un article sur ces généreux donateurs du parti tory gratifiés d’un siège à la Chambre des lords, ou sur les « plus de 90 députés conservateurs », selon le Guardian, qui pratiquent de lucratives activités parallèles de conseil. Et c’était compter, mercredi, sans les allégations de « conduite inappropriée » contre le père de Boris Johnson, Stanley Johnson, 81 ans, formulées par une députée tory de premier plan, Caroline Nokes, la présidente de la commission parlementaire aux femmes et à l’égalité, évoquant un incident survenu en 2003.
Mais le pire, pour le premier ministre, a peut-être été – paradoxalement – ce vote sans appel (297 voix pour, zéro contre) pour une motion gouvernementale qu’il avait lui même proposée la veille, visant à limiter les deuxièmes emplois des députés. Il n’avait probablement pas l’intention d’en arriver à cette proposition de renforcement du code de conduite de la Chambre des communes, lui à qui l’opposition prêtait plutôt l’intention, il y a quinze jours, de vouloir l’affaiblir. Mais il y a été contraint pour tenter de refermer la corrosive parenthèse « corruption » qu’il a lui même ouverte. Et pour éviter de laisser les travaillistes tirer parti du scandale, en les doublant sur la gauche. Le Labour a présenté une motion assez similaire à celle de Downing Street, qui a été votée presque simultanément mercredi ; boudée par les conservateurs, qui disposent d’une confortable majorité, cette dernière n’a cependant pas été adoptée.
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