Rien ne semble arrêter la déforestation de l’Amazonie brésilienne. Selon une estimation officielle publiée jeudi 18 novembre, celle-ci a encore augmenté de près de 22 % entre août 2020 et juillet 2021, par rapport à la période précédente. C’est le record des quinze dernières années.
L’exploitation dans la plus grande forêt tropicale du monde s’est étendue sur 13 235 km2 au cours de la période 2020-2021, la valeur la plus élevée depuis 2005-2006 (14 286 km2), selon les données du système de surveillance de la déforestation Prodes, de l’Institut national de recherche spatiale (INPE) du Brésil.
C’est la troisième année consécutive que la déforestation progresse depuis l’arrivée au pouvoir du président d’extrême droite Jair Bolsonaro, qui fait l’objet de critiques internationales pour avoir affaibli la surveillance des écosystèmes amazoniens et défendu les activités extractives dans les zones protégées.
Plus de militaires sur le terrain
Ces chiffres représentent « un défi pour nous et nous devrons être plus fermes face aux délits environnementaux », a reconnu le ministre brésilien de l’environnement, Joaquim Leite, lors d’une conférence de presse à Brasilia, peu après la publication du document.
Il a toutefois affirmé que ces données « ne reflètent pas exactement la réalité des derniers mois ». Le gouvernement brésilien dit avoir intensifié ses efforts pour lutter contre la déforestation illégale par une présence accrue de militaires dans les zones les plus touchées.
« A ceux qui persistent à commettre ces crimes environnementaux, (nous avertissons) que l’État brésilien va montrer sa pleine force en Amazonie », a déclaré le ministre de la Justice et de la Sécurité publique, Anderson Torres.
Dissimulation de données avant la COP26
« Ce résultat est le fruit d’un effort persistant, planifié et continu pour détruire les politiques de protection de l’environnement » sous le gouvernement Bolsonaro, a déclaré dans un communiqué Marcio Astrini, secrétaire exécutif de l’Observatoire du climat, qui regroupe les principales ONG et instituts environnementaux actifs au Brésil, dont le WWF et Greenpeace.
L’Observatoire a par ailleurs accusé le gouvernement d’avoir dissimulé les données jusqu’après la COP26, puisque le document, publié jeudi par l’INPE, lié au ministère des sciences, des technologies et de I’innovation, est daté du 27 octobre 2021.
« Le gouvernement avait déjà les données sur la déforestation en mains au moment de la Conférence sur le climat en Ecosse et les a délibérément omises », a déclaré l’ONG. Ce à quoi le ministre de l’environnement a répondu : « L’information que j’ai est qu’il a été divulgué aujourd’hui. »
La superficie du Liban déboisée tous les ans
À son arrivée au pouvoir en 2019, grâce en partie au soutien du puissant lobby de l’agronégoce, le président Bolsonaro a déclaré vouloir ouvrir les terres protégées et les réserves indigènes à l’agriculture et à l’extraction minière.
En résulte une moyenne annuelle de déforestation qui dépasse désormais les 10 000 km2 – la superficie du Liban − contre quelque 6 500 km2 pendant la décennie précédente.
Lors de la COP26 sur le climat, le Brésil s’est engagé à avancer de deux ans, de 2030 à 2028, la date limite pour éliminer la déforestation illégale sur son territoire, qui abrite 60 % de l’Amazonie. « Nous serons certainement plus fermes pour inverser les chiffres (de la déforestation) et atteindre l’objectif qui a été annoncé lors de la conférence », a conclu M. Leite lors de la conférence de presse.
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