La photo montre un président en peignoir et un très probable futur premier ministre en costume cravate. Les deux portent un masque alors que l’épidémie de Covid-19 fait rage en République tchèque. Mercredi 17 novembre, c’est à l’hôpital militaire central de Prague où il est hospitalisé depuis le 10 octobre pour une « maladie chronique » que le président tchèque, Milos Zeman, a rencontré pour la première fois Petr Fiala, le vainqueur des législatives organisées début octobre dans ce pays d’Europe centrale. A l’issue de la rencontre, le porte-parole de M. Zeman a tweeté que ce dernier « envisageait de nommer M. Fiala premier ministre vendredi 26 novembre ».
Après des semaines de spéculations autour de l’état de santé et des manœuvres potentiellement dilatoires du chef de l’Etat aux convictions prorusses et prochinoises, M. Fiala, un conservateur âgé de 57 ans, devrait donc bien devenir le prochain chef de gouvernement de ce pays de 10,7 millions d’habitants dirigé ces quatre dernières années par le milliardaire aux accents souverainistes Andrej Babis. « Nous pourrions avoir un gouvernement d’ici trois semaines », a déclaré M. Fiala, professeur d’université en science politique, à sa sortie de l’hôpital.
Avec sa distance et son ton sérieux, le futur premier ministre contraste considérablement avec son prédécesseur, adepte des réseaux sociaux et des propos décousus. Ces dernières semaines, il a conclu au pas de course un accord de coalition avec quatre partis issus de la droite et du centre. Lui-même dirige depuis 2014 la Plate-Forme démocratique civique (ODS), la grande formation de la droite tchèque. Dans ce parti à la tradition eurosceptique, il incarne une aile plus modérée et défend un rapprochement avec Bruxelles. La coalition regroupera par ailleurs des partis fermement proeuropéens comme TOP 09 ou le Parti pirate, qui seront les premiers du genre à faire partie d’un gouvernement en Europe.
« Objections » du président
C’est d’ailleurs un membre de leur formation, Jan Lipavsky, un homme connu pour dénoncer la présence des intérêts chinois et russes dans le pays, qui devrait hériter du poste de ministre des affaires étrangères. La République tchèque a été le théâtre de plusieurs opérations d’espionnage et d’influence des deux puissances ces dernières années. Sa nomination dépend toutefois en partie du bon vouloir de M. Zeman. Or, le président a déjà fait part « d’objections » sur un des noms de cette équipe, très probablement celui de M. Lipavsky. De quoi laisser présager un bras de fer alors que le président tchèque a de véritables pouvoirs de blocage et qu’il doit sortir de l’hôpital dans les prochains jours.
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