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« Doit-on, et peut-on, découpler les économies française et chinoise ? »

Tribune. La crise sanitaire et les tensions géopolitiques actuelles ravivent en Europe et en France les inquiétudes vis-à-vis de la mondialisation en général et des relations économiques avec la Chine en particulier. Doit-on, et peut-on, découpler les économies française et chinoise ?

En fait, la dépendance de la France vis-à-vis de la Chine est assez modérée. En 2020, la Chine représentait 4 % de nos exportations et 7 % de nos importations. Ces chiffres sont respectivement de 5 % et 9 % pour l’Union européenne. Ces résultats globaux masquent cependant de grandes disparités sectorielles. Ainsi, l’agroalimentaire représente 18,7 % des
exportations françaises vers la Chine en 2020, et l’automobile seulement 1,2 %. De même, les investissements chinois ne représentent qu’environ 5 % du stock d’investissements étrangers en Europe ; mais alors qu’ils s’étaient précédemment orientés vers une grande diversité de secteurs, ils se concentrent de plus en plus sur des secteurs stratégiques pour l’économie chinoise, comme les ports. Ils ont cependant baissé de 45 % entre 2019 et 2020, dans un contexte de crise économique mais aussi de contrôle beaucoup plus strict des Européens.

Découpler les économies française et chinoise consisterait à produire sur le territoire national ce qui était produit en Chine et importé par les entreprises françaises. Il est aussi possible de diversifier nos partenaires commerciaux afin d’être moins dépendants de la Chine, et de limiter les investissements chinois en France et en Europe, surtout dans les secteurs stratégiques. Ceci est aujourd’hui d’autant plus à considérer que le programme du président chinois Xi Jinping, dit de « circulation duale », vise notamment à être moins tributaire des investissements étrangers et à avoir une insertion internationale de l’économie chinoise ciblée sur des secteurs prioritaires stratégiques.

Situations hétérogènes

Mais la relocalisation des activités sur le territoire national recouvre des situations très hétérogènes selon les secteurs, mais également selon les entreprises au sein d’un même secteur. Si une délocalisation a eu pour motif l’accès au marché chinois, la probabilité d’une relocalisation sur le territoire national est bien sûr très faible. Lorsque Michelin construit une usine en Chine, c’est pour être au plus prêt des consommateurs chinois. Une relocalisation en France lui ferait perdre en grande partie de sa compétitivité et de ses parts de marché.

Il en est de même lorsque les délocalisations visent à bénéficier de bas coûts de main-d’œuvre. La hausse des coûts salariaux en Chine a d’ailleurs plutôt incité les entreprises françaises à se tourner vers le Vietnam ou le Bangladesh qu’à relocaliser en France… Les coûts environnementaux sont aussi une cause de délocalisation pour des secteurs très polluants, comme la chimie. Dans ce cas, une relocalisation est toutefois envisageable si une taxe carbone est instaurée aux frontières, afin que les entreprises ne soient pas défavorisées en s’adaptant aux normes environnementales européennes.

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