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Ascoval échappe à la délocalisation, le flou demeure sur les contreparties

Le flou demeurait vendredi sur les contreparties exactes mises sur la table par le gouvernement français pour convaincre le groupe allemand Saarstahl de renoncer à transférer outre-Rhin une partie de la production de l’aciérie française Ascoval, à la pointe en matière environnementale.

L’usine de Sainte-Saulve (Nord), qui emploie 270 salariés, produit des barres d’acier dédiés à la fabrication de rails, notamment pour la SNCF.

Mercredi, les représentants des syndicats CGT et CFDT du site racheté il y a quatre mois par Saarstahl avaient affirmé que l’aciérie pourrait voir 40% de sa production temporairement transférés en Allemagne – où les hauts fourneaux tournent au charbon, bien moins cher que l’électricité dont les prix flambent actuellement, mais émettent donc plus de gaz à effet de serre.

Le gouvernement avait rapidement réagi, après plusieurs années de mobilisation pour sauver le site de Sainte-Saulve qui se sont traduites notamment par un prêt de 20 millions d’euros accordé en début d’année pour payer les salaires. Et jeudi soir, à l’issue d’une réunion avec Saarstahl faisant suite à plusieurs autres rencontres, Bercy avait annoncé que le groupe allemand renonçait à son projet.

Vendredi après-midi, Saarstahl a confirmé que « les réflexions concernant un éventuel transfert limité et temporaire de volumes ne sont plus poursuivies », dans un communiqué.

Le groupe sidérurgique a souligné le « succès » de « nombreux pourparlers » avec « les clients, les fournisseurs, les membres du personnel », qui ont eu lieu en « collaboration avec les autorités françaises », mais sans donner plus de détails sur les contreparties ou les assurances obtenues pour renoncer à son projet.

« On ne va pas pouvoir rentrer dans le détail de conversations entre un client et son fournisseur mais ce qui a été au cœur de la solution a été la renégociation des conditions contractuelles s’agissant des rails, avec l’ensemble des clients qui sont notamment français et belges. Je pense que le premier client d’Hayange est bien connu », a-t-on indiqué vendredi au cabinet de la ministre déléguée à l’Industrie, Agnès Pannier-Runacher, en allusion à la SNCF.

– Acier vert –

« L’Etat a pu sensibiliser l’ensemble des acteurs, de part et d’autres d’ailleurs, y compris du côté de Saarstahl mais aussi de grandes entreprises françaises qui travaillent avec Saarstahl pour que tout simplement il y ait une solution qui soit trouvée. C’est aussi l’intérêt des clients qui souhaitent avoir de l’acier que Saarstahl continue de leur fournir de l’acier vert – et pas de l’acier qui vient d’Allemagne et de haut-fourneaux avec de l’énergie au charbon », a mis en avant le cabinet de la ministre.

Emmanuel Macron et Xavier Bertrand lors d’une visite au Familistère Godin de Guise à Guise dans l’Aisne le 19 novembre 2021 (POOL/AFP – BENOIT TESSIER)

Trois pistes de travail avaient notamment été évoquées lors des différentes réunions de travail entre le sidérurgiste allemand et les représentants du gouvernement, dont l’une était d’indexer le contrat liant Saarstahl avec la SNCF sur les cours mondiaux du fer qui s’envolent. Le contrat liant Ascoval à EDF va également changer au 1er janvier pour « stabiliser » le coût de l’électricité.

Pour Mme Pannier-Runacher, en déplacement vendredi dans l’Isère, « ce qui était en jeu, c’était une production d’acier électrique, c’est à dire à 90% décarbonée en France, par rapport à une production au charbon. On voyait bien toute l’absurdité collective d’une décision de cette nature ».

Pour Xavier Bertrand en revanche, « la solution retenue n’est pas satisfaisante. C’est le tarif de l’électricité le problème. Tant qu’on aura la concurrence des Allemands avec le charbon, ils (Ascoval) ne seront pas compétitifs », a estimé le président de la région Hauts-de-France et candidat à l’investiture LR pour la présidentielle, lors d’une passe d’armes avec Emmanuel Macron dans l’Aisne.

L’annonce d’une délocalisation partielle de l’activité de cette usine emblématique avait suscité la colère de nombreux élus politiques. Le gouvernement souhaitait également éviter à tout prix un revers industriel et écologique, à cinq mois de la présidentielle.

Suite aux déboires financiers de Liberty Steel et de son patron, le magnat britannique Sanjeev Gupta, Saarstahl avait décidé en juin d’acquérir les deux sites français du groupe, Ascoval (Nord) et Hayange (Moselle).

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