L’arrivée annoncée d’importantes quantités de pierre ponce sur le littoral proche de Tokyo inquiète pour ses conséquences écologiques et économiques. Selon les prévisions dévoilées mardi 16 novembre par l’Agence japonaise d’océanographie et des sciences de la terre (Jamstec), les pierres volcaniques, dont la faible densité leur permet de flotter, devraient atteindre fin novembre les côtes des départements de Chiba et de Kanagawa. Des nappes de ces pierres ont déjà provoqué des dégâts à Okinawa et dans le Kyushu (sud-ouest du Japon).
Extrêmement poreuses et s’effritant facilement, ces pierres ponces sont une conséquence de l’éruption, le 13 août, du volcan sous-marin Fukutoku-Okanoba, situé dans le petit archipel des îles Ogasawara, dans l’océan Pacifique, à près de 1 200 km au sud de Tokyo.
Cette éruption serait l’une des plus violentes jamais enregistrées depuis la seconde guerre mondiale au Japon, qui compte 111 volcans actifs. D’après l’Institut national des technologies industrielles avancées (AIST), elle a projeté des matières volcaniques jusqu’à 19 000 mètres d’altitude et libéré entre 300 millions à un milliard de tonnes de magma.
Sa puissance a même entraîné la formation d’un îlot – qui devrait rapidement disparaître, estime Setsuya Nakada, volcanologue de l’Institut national de recherche sur les sciences de la terre et la résilience aux catastrophes (NIED) – près de l’île d’Iwoto (autrefois connue sous le nom d’Iwo Jima).
Inquiétude pour la culture des algues
L’éruption a aussi produit plusieurs dizaines de millions de tonnes de pierres ponces, qui dérivent en nappes dans les eaux voisines du Japon. Fin septembre, elles ont atteint Okinawa, à plus de 1 400 kilomètres à l’ouest du volcan, et la grande île de Kyushu. Le 5 novembre, leur présence avait été observée dans 81 ports de ces régions. Portée par le courant de Kuroshio, qui suit une route nord depuis les Philippines et longe la côte orientale de l’Archipel nippon, une partie dérive aujourd’hui et menace les côtes proches de la capitale.
Ces nappes provoquent des dégâts dans l’écosystème marin. Des dizaines de maquereaux des Indes ont été retrouvés morts d’en avoir ingéré, dans la baie d’Hentona, à Okinawa. Les tortues vertes, une espèce d’Okinawa en voie de disparition, seraient menacées.
La flore souffre d’un manque de lumière, les rayons du soleil ne pouvant percer les épaisses nappes de ces pierres. La coopérative de pêche Katsuren, à Uruma (Okinawa), qui produit des algues mozuku, s’inquiète, car cette culture doit commencer en novembre. « S’il y a de grandes quantités de pierre ponce à la surface de l’eau, le mozuku risque de ne pas bénéficier de suffisamment de nutriments », s’inquiète l’exploitant Katsuo Oshiro auprès du Ryukyu Shimpo, un quotidien local.
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