This is sick behavior from Rep. Paul Gosar. He tweeted out the video showing him killing Rep. Ocasio-Cortez from bo… https://t.co/glKJ78SfEI
« When they go low, we go high » (« Quand ils s’enfoncent, on s’élève », en français) : ce slogan lancé par Michelle Obama lors de la convention démocrate à Philadelphie, en juillet 2016, résumait l’approche des démocrates face à Donald Trump.
Cinq ans plus tard, force est de constater que la formule reste un vœu pieu, dans la vie politique américaine. La Chambre des représentants où les démocrates ont une majorité de 221 des 435 sièges a sanctionné par 223 voix – dont celle des républicains Adam Kinzinger et Liz Chenezy – et 207 contre, mercredi 17 novembre, un élu républicain pour avoir posté une vidéo ciblant l’élue démocrate Alexandria Ocasio-Cortez et le président Joe Biden.
Paul Gosar, élu républicain d’Arizona au Congrès américain, est l’un des fervents soutiens de Donald Trump. Il fait partie des 147 élus qui ont voté contre la certification de l’élection de M. Biden et a mis en doute le fait que le policier qui a abattu l’émeutière Ashli Babbitt au Capitole le 6 janvier avait agi de manière conforme aux règles de son travail, à l’opposé des conclusions de l’enquête interne de la police du Capitole. Il emprunte aussi à l’ancien président américain son sens de l’invective et ses dérapages dans le discours politique.
Le 7 novembre, il publiait ainsi sur ses réseaux sociaux (Twitter et Instagram) une vidéo tirée de la série d’animation japonaise L’Attaque des titans, dans laquelle il combat les « titans » – l’ennemi – aux côtés des élues républicaines Marjorie Taylor Greene et Lauren Boebert. Dans un passage, il tue Alexandria Ocasio-Cortez (AOC), figure de proue de l’aile gauche du Parti démocrate, et attaque à coups d’épée le président Joe Biden.
« Un individu flippant aux côtés de qui je travaille [au sein du Comité de surveillance et de réforme] et qui collecte des fonds pour des groupes néonazis [Paul Gosar a participé à une levée de fonds organisée cet été par l’activiste d’extrême droite Nick Fuentes] a partagé une vidéo fantaisiste dans laquelle il me tue. Et il ne subira aucune conséquence, parce que [Kevin McCarthy, le chef des Républicains à la Chambre] l’encourage et lui trouve des excuses », a déploré AOC en découvrant la vidéo.
« Il n’y a absolument pas de place (…) pour la violence, quelle qu’elle soit, dans [notre] système politique », a condamné Karine Jean-Pierre, porte-parole adjointe de la Maison Blanche, deux jours après la publication de la vidéo. Twitter a déclaré que la vidéo violait ses règles sur les « conduites haineuses » mais ne l’a pas supprimée, ajoutant « qu’il peut être dans l’intérêt du public que le tweet reste accessible. » Instagram l’a accompagnée de la mention « contenu sensible ».
Les équipes de M. Gosar ont supprimé les messages de ses différents comptes. Il a ensuite publié un communiqué affirmant que sa vidéo n’était pas destinée à attiser la violence, la qualifiant plutôt de « représentation symbolique d’un combat contre la politique d’immigration » de l’administration Biden. Enfin, dans un courriel notamment mentionné par CNN, Paul Gosar est allé jusqu’à se comparer à… la rédaction de Charlie Hebdo : il se présentait en victime, « puni pour avoir publié un dessin animé ».
Paul Gosar compares the effort to punish him for the video he posted on Twitter to the terrorist attack on Charlie… https://t.co/lwYRxWZmsw
Deux élus républicains censurés en quelques mois
Mercredi, le Congrès l’a donc sanctionné en approuvant une motion lui infligeant un blâme officiel, une procédure rare, la plus sévère à laquelle les élus peuvent être soumis à la Chambre des représentants. Il a aussi été suspendu des deux commissions dont il fait partie : le comité de surveillance et de réforme et le comité des ressources naturelles.
La « direction du Parti républicain n’a pas condamné les menaces de violence proférées par le représentant Gosar envers le président des Etats-Unis et d’un autre membre du Congrès », écrivaient les 60 députés qui ont déposé la résolution pour justifier de la procédure. Ces élus estiment que « la violence contre les femmes en politique est un phénomène mondial destiné à les faire taire et à les décourager de rechercher des postes de pouvoir et de participer à la vie publique, les femmes de couleur étant touchées de manière disproportionnée ».
Mais cette censure n’aura aucun effet pratique, si ce n’est celui de marquer la carrière de l’élu d’un sceau d’infamie. La Constitution permet aux deux chambres du Congrès de sanctionner leurs membres (article I, clause 5, section II), mais l’expulsion de l’un d’eux nécessite une majorité des deux tiers pour être adoptée. Cette procédure n’a été utilisée qu’une vingtaine de fois dans l’histoire, expliquait la chaîne CNN, en février.
La dernière résolution de censure a été approuvée en 2010 et concernait le représentant démocrate Charles Rangel, ancien président de la puissante commission des voies et moyens de la Chambre des représentants, pour mauvaise gestion financière. En février 2021, Marjorie Taylor Greene, députée trumpiste de l’Etat de Géorgie, qui avait partagé des théories du complot, a été évincée de son siège au sein des commissions de l’éducation et du budget par 230 voix pour et 199 contre. Ce qui lui a permis de conforter son image d’opposante implacable et d’obtenir de substantielles levées de fonds pour ses campagnes.
Avant qu’elle ne soit sanctionnée, Kevin McCarthy avait mis en garde les démocrates contre l’arme à double tranchant que représentait cette procédure. Si jamais les républicains reprenaient la majorité à la Chambre, lors des élections de mi-mandat prévues en novembre 2022, ils n’hésiteraient pas à s’en servir, à leur tour, contre des élus démocrates. M. McCarthy l’a rappelé, mercredi soir, après avoir qualifié ce vote d’« abus de pouvoir » destiné à détourner l’attention des problèmes nationaux.
Les démocrates assurent, eux, qu’il n’y avait rien de politique dans ce vote. « Ces actions exigent une réponse. Nous ne pouvons pas avoir des députés qui plaisantent sur le fait d’en assassiner d’autres », a déclaré la présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi. « C’est à la fois une mise en danger de nos élus et une insulte à l’institution. »
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