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Abus sexuels : fin de partie pour le patron du géant du jeu vidéo Activision Blizzard ?

Publié le : 17/11/2021 – 17:12

Fait rarissime aux États-Unis, les employés de la société américaine Activision Blizzard ont débrayé mardi après de nombreuses accusations d’abus sexuels au sein du géant du jeu vidéo. Ils dénoncent la complaisance de leur patron, Bobby Kotick, et les dérives d’un milieu sexiste.

Le monde du jeu vidéo n’est pas exempt des scandales sexuels et sexistes. La société américaine Activision Blizzard, notamment à l’origine du célèbre jeu « Call of Duty », accumule les accusations d’agressions sexuelles et même de viols parmi ses salariés. Au point que plus de 150 employés de la firme ont manifesté mardi 16 novembre devant le siège de l’éditeur de jeux vidéo pour appeler à la démission de leur patron, Bobby Kotick.

« Nous ne serons pas réduits au silence tant que Bobby Kotick n’aura pas été remplacé et nous continuons à demander qu’un audit indépendant ait lieu, et que l’organisation soit choisie par les employés. Nous organisons une grève aujourd’hui », a tweeté l’ABK Workers Alliance, syndicat d’employés du groupe, avec des photos du rassemblement.

Under Bobby Kotick’s leadership the company has been accused of mistreatment, sexual harassment, rape, and a death threat made by Kotick himself. The board is just as complicit if they let this slide. It’s past time for Bobby to step down. #EndAbuseInGaming #ABetterABK pic.twitter.com/4RYepNdDUc

— ABetterABK ? ABK Workers Alliance (@ABetterABK) November 16, 2021

Plus de 500 signalements

Les débrayages sont rarissimes dans les grandes entreprises technologiques aux États-Unis. Mais la multiplication des accusations a eu raison de la patience des employés. D’anciennes salariées dénoncent unanimement les dérives d’un milieu essentiellement masculin, juvénile et sexiste. Depuis l’ouverture d’une enquête de la justice californienne, Activision Blizzard a reçu plus de 500 signalements de cas de harcèlement, d’agression sexuelle et de discrimination.

Le magnat du jeu vidéo bientôt game over ? Après une enquête de la justice californienne concernant plusieurs plaintes pour harcèlement dans la société, Bobby Kotick est à présent confronté aux révélations du Wall Street Journal.

Dans son article, le quotidien économique américain dévoile que le PDG d’Activision Blizzard a dissimulé des plaintes pour harcèlement au directoire de la firme. Le patron connaissait depuis des années les rapports internes sur des comportements abusifs, y compris sur une accusation de viol, mais n’a pas partagé ces informations avec le conseil d’administration. D’après le journal, il aurait même tenté d’acheter le silence de la collaboratrice dénonçant un viol.

Menace de mort

Pire, Bobby Kotick a lui-même fait l’objet d’une accusation de harcèlement par une de ses assistantes en 2006 – dénonciation à la suite de laquelle il l’avait menacée de mort dans un message laissé sur son répondeur. Le patron s’était excusé il y a seize ans pour les faits et avait reconnu un « message hyperbolique et inapproprié », a plaidé un porte-parole de l’éditeur de jeux vidéo.

Plus récemment, fin juillet, le créateur du blockbuster « Call of Duty » a été accusé cette fois de favoriser une culture du harcèlement, sexiste et toxique, et d’inégalités de carrières par une autorité californienne. Une plainte a été déposée devant un tribunal de Los Angeles.

Devant de telles accusations, la société a bien évidement réagi. Un porte-parole du groupe a affirmé à l’AFP que l’article du Wall Street Journal avait donné une vision « trompeuse » d’Activision Blizzard et de son patron. « Des mesures ont été prises pour les cas de harcèlement sexuel qui ont été portés à son attention », a-t-il assuré.

WIG FR se mobilise 7J/7 pour aider & soutenir les victimes de comportements toxiques dans le milieu du jeu vidéo :

➡Guide contre le cyber-harcèlement : https://t.co/ARuCI4AaIA
➡Chan Discord dédié aux témoignages des victimes
➡3 emails pour une écoute en toute confidentialité pic.twitter.com/ZuICcVM9s6

— Women in Games ?? (@wig_fr) June 24, 2020

Chute en Bourse  

Dans la tourmente, l’intéressé est lui aussi monté au créneau. « Tous ceux qui doutent de ma détermination (à faire de l’entreprise) le lieu de travail le plus accueillant et le plus inclusif ne se rendent pas compte à quel point c’est important pour moi », s’est défendu Bobby Kotick dans un message vidéo diffusé en interne, avant la manifestation.

Le géant du jeu vidéo a en outre indiqué mi-octobre que « plus de 20 personnes » avaient quitté la société à la lumière de signalements et d’accusations, et que plus de 20 autres salariés avaient fait l’objet de mesures disciplinaires tout en restant employés d’Activision Blizzard. « Sous la direction de Bobby Kotick, la société met déjà en place des changements fondamentaux comme une tolérance zéro du harcèlement, une politique de recrutement conçue pour augmenter significativement le pourcentage de femmes et de personnes non binaires dans nos effectifs et des investissements externes pour améliorer les chances de profils plus divers », a indiqué mardi le conseil d’administration dans un communiqué.

En attendant que la justice se prononce, Activision Blizzard a souffert en Bourse, perdant plus de 6,09 % après la publication de l’article du Wall Street Journal. Est-ce finalement l’argument économique qui aura raison de l’avenir de Bobby Kotick ?

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