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Les coulisses de la libération de Danny Fenster, journaliste américain détenu en Birmanie

Le journaliste américain Danny Fenster, à son arrivée à l’aéroport international Hamad de Doha (Qatar), le 15 novembre 2021, après son amnistie. SETH WENIG / AP

Condamné à onze ans de prison, vendredi 12 novembre, amnistié le lundi suivant, et désormais de retour sur le sol américain : Danny Fenster, le journaliste américain qui travaillait pour des médias birmans et avait été arrêté le 24 mai à l’aéroport de Rangoun, cas d’école de « diplomatie des otages », en est désormais un de « diplomatie parallèle ».

Celle menée par l’ancien ambassadeur des Etats-Unis aux Nations unies, Bill Richardson, artisan de nombreuses libérations d’« otages » américains de régimes étrangers (Iran, Corée du Nord…). La nouvelle a été révélée lundi par un tweet de son organisation, le Centre Richardson, avec une photo du journaliste au côté du « global diplomat » Richardson sur le tarmac de l’aéroport de Naypyidaw, le 15 novembre.

Governor Bill Richardson and the Richardson Center are thrilled to announce the release of American journalist Dann… https://t.co/dLVuUbHC2u

— RichardsonCNTR (@Richardson Center)

La condamnation de M. Fenster avait suscité une vague d’indignation dans le monde. Le journaliste de 37 ans était accusé de travailler pour le site Myanmar Now, dont il avait pourtant démissionné en 2020 – c’est-à-dire avant le coup d’Etat de février – pour rejoindre un magazine birman. A son procès ubuesque, aucun article spécifique ne fut mentionné, mais le verdict dépassa largement les peines requises pour le crime dont il était accusé, à savoir la dissémination d’informations diffamantes sur l’armée ou ses membres. Danny Fenster était le seul des quatre journalistes étrangers arrêtés en Birmanie à avoir été condamné : un autre Américain d’origine birmane, ainsi qu’un Polonais et un Japonais ont déjà été relâchés.

Libéré pour « raisons humanitaires »

Fort d’une longue expérience avec la Birmanie – il obtint l’une des premières libérations d’Aung San Suu Kyi, en 1995 –, M. Richardson était venu à Naypyidaw, début novembre, proposer des « solutions humanitaires » à Min Aung Hlaing, le général putschiste chef de la junte. Dans ses déclarations publiques, l’Américain avait fait savoir qu’il n’avait pas évoqué, avec son interlocuteur, la question de son compatriote emprisonné – ce qui avait déclenché un flot de critiques à son encontre sur Twitter et dans la presse de la part de responsables d’ONG des droits de l’homme. En réalité, M. Richardson négociait dur. Officiellement, M. Fenster a été libéré pour « raisons humanitaires » – en contrepartie de l’un des gestes évoqués par Bill Richardon, notamment la livraison de vaccins, mais dont les détails n’ont pas filtré. L’armée birmane, plusieurs de ses dirigeants et ses conglomérats sont la cible de sanctions américaines strictes.

Bill Richardon n’était pas seul à la manœuvre : l’agence de presse japonaise Kyodo News a révélé, lundi, l’intercession de Yohei Sasakawa, président de la fondation caritative Nippon Fondation, créée en 1962 par son père, Ryoichi Sasakawa, soupçonné de crimes de guerre en 1945, puis figure de l’extrême droite nippone, soucieux de redorer son image.

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