Chronique. Après deux semaines de dures négociations à la 26e conférence sur le climat à Glasgow, la Chine et l’Inde sont parvenues, samedi 13 novembre, à atténuer la formulation du passage du texte final relatif au charbon. L’accord sur le climat ne s’engage que sur une « réduction » et non une « sortie » de cette énergie fossile. Une grande partie de la bataille contre le changement climatique se joue en Asie, qui consomme et produit les trois quarts du charbon dans le monde. Celui-ci alimente la moitié de la production d’électricité en Chine et même 70 % en Inde. La quasi-totalité des projets de construction de centrales à charbon dans le monde – neuf sur dix – se trouve en Asie. D’une manière générale, le continent voit sa consommation d’énergie exploser en raison d’une croissance démographique soutenue et d’un développement économique rapide. Il a aussi enregistré la plus forte hausse de la capacité de production d’énergie éolienne et solaire au monde lors de ces cinq dernières années.
Deux options
Pour réduire sa consommation de charbon, l’Asie n’a guère que deux options : arrêter les constructions de nouvelles centrales, et limiter les émissions des gaz à effet de serre dans le parc existant en utilisant des technologies de captation de carbone dont l’efficacité reste à prouver. Le 3 novembre, à Glasgow, la Banque asiatique de développement a imaginé une troisième solution. Elle souhaite expérimenter un mécanisme de financement mêlant fonds public et privés pour racheter les centrales existantes aux Philippines, au Vietnam et en Indonésie, et ainsi raccourcir leur durée d’opération afin de les remplacer par des énergies renouvelables.
Plusieurs ONG mettent toutefois en garde contre les effets pervers d’un tel mécanisme. D’abord, les opérateurs des centrales pourraient être tentés de rallonger leur espérance de vie dans l’espoir d’en tirer un meilleur profit lors de la revente ; d’autres pourraient même être incités à en construire de nouvelles puisqu’ils ont l’assurance de les revendre rapidement.
L’énergie fossile fait vivre des millions d’habitants et contribue aux recettes budgétaires des Etats asiatiques
Cette initiative va-t-elle réduire la dépendance de l’Asie vis-à-vis du charbon ? Pas si sûr, car les centrales n’expliquent pas à elles seules cette addiction. L’énergie fossile est au cœur d’un écosystème qui fait vivre des millions d’habitants et contribue aux recettes budgétaires des Etats. En Inde, 300 000 emplois dépendent de l’exploitation des mines, et près de quatre millions de personnes en vivent indirectement. Des centaines de petites usines rurales – souvent des briqueteries ou des aciéries – en ont besoin pour fonctionner. Les chemins de fer tirent la moitié de leurs revenus de fret de son seul transport, une manne qui permet de subventionner le transport des passagers. Preuve que le charbon n’est pas encore devenu maudit dans le pays, le premier ministre Narendra Modi a lancé en 2020 un programme de vente aux enchères de plusieurs exploitations minières, intitulé Unleashing Coal (soit, en français « libérer le charbon »).
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L’article « Le sevrage au charbon est plus difficile en Asie, où le réchauffement climatique ne fait pas partie des préoccupations » est apparu en premier sur zimo news.