Lancé dans l’espace en 1982, en pleine guerre froide, Cosmos-1408 était un ancien satellite soviétique de surveillance, une belle bête de 2,2 tonnes qui naviguait à 465 kilomètres au-dessus de nos têtes. Comme tous les corps de grande taille évoluant en orbite, il était suivi par radar. Lundi 15 novembre, Cosmos-1408 n’a subitement plus été visible sur les écrans. A la place sont apparus quelque 1 500 objets supplémentaires d’au moins 10 centimètres de diamètre, un nuage de débris commençant à s’éparpiller dans l’espace.
La première conséquence a été une alerte à bord de la Station spatiale internationale (ISS), qui se trouve à 424 kilomètres d’altitude et dont la trajectoire s’approchait des débris de Cosmos-1408. Ceux-ci pouvaient se muer en dangereux projectiles, étant donné les très grandes vitesses auxquelles avancent les engins spatiaux. Les sept occupants actuels de l’ISS – quatre Américains, deux Russes et un Allemand – ont aussitôt appliqué les procédures d’urgence. Tout d’abord en fermant la plupart des sas qui relient les différents éléments de la station, afin d’éviter une dépressurisation totale au cas où l’un d’entre eux serait transpercé, puis en allant se mettre à l’abri dans les deux vaisseaux qui sont arrimés à l’ISS, le Soyouz russe (trois personnes) et le « Crew Dragon » américain de SpaceX (quatre astronautes). Ils y sont restés cloîtrés pendant deux heures, prêts à se décrocher de la station.
Mardi 16 novembre, la Russie a reconnu avoir détruit volontairement Cosmos-1408 à l’occasion d’un tir de missile antisatellite (résumé sous l’acronyme ASAT). Les Etats-Unis n’avaient cependant pas attendu pour mettre en cause Moscou et écarter la thèse d’une explosion accidentelle. Lundi déjà, l’US Space Command, le commandement militaire américain chargé des forces spatiales, avait publié un communiqué commençant ainsi : « La Russie a testé un missile antisatellite à ascension directe (DA-ASAT) le 15 novembre 2021, heure de Moscou, qui a frappé un satellite russe (Cosmos-1408) et créé un champ de débris en orbite terrestre basse. » Selon Christophe Bonnal, chercheur au Centre national d’études spatiales (CNES) et spécialiste des débris spatiaux, « l’ASAT est très probablement un missile Nudol qui a décollé de la base russe de Plesetsk », située à 800 kilomètres au nord de Moscou.
« Comportement irresponsable »
« La Russie a fait preuve d’un mépris délibéré pour la sécurité, la sûreté, la stabilité et la durabilité à long terme du domaine spatial pour toutes les nations. (…) Les activités spatiales sous-tendent notre mode de vie, et ce type de comportement est tout simplement irresponsable », a expliqué vertement le chef de l’US Space Command, le général James Dickinson. Même son de cloche dans le communiqué publié par Bill Nelson, l’administrateur de la NASA : « Compte tenu de sa longue et riche histoire en matière de vols spatiaux habités, il est inconcevable que la Russie mette en danger non seulement les astronautes américains et ceux des partenaires internationaux de l’ISS, mais aussi ses propres cosmonautes. Ses actions sont imprudentes et dangereuses, menaçant également la station spatiale chinoise et les taïkonautes à bord. Toutes les nations ont la responsabilité d’empêcher la création délibérée de débris spatiaux par des ASAT. »
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