Un lancement sans fanfare: la Chine a inauguré lundi à Pékin une nouvelle Bourse, destinée aux PME innovantes, dans un contexte de rivalité avec Washington qui pousse le géant asiatique à lever des fonds à domicile plutôt qu’aux Etats-Unis.
La Chine comptait déjà trois grandes places boursières: à Shanghai (est) sa capitale économique, dans la métropole technologique de Shenzhen (sud) et dans son territoire semi-autonome de Hong Kong.
Les firmes chinoises ont longtemps courtisé les investisseurs internationaux à Wall Street pour financer leur développement. En 2014, le géant du e-commerce Alibaba y avait réalisé la plus grosse introduction en Bourse de tous les temps, en levant 25 milliards de dollars.
Mais au moment où la guerre commerciale sino-américaine s’intensifiait sous la présidence de Donald Trump (2017-2021), le pouvoir communiste a pressé ses champions nationaux à se coter sur des places financières en Chine.
Ces dernières années, Hong Kong est ainsi devenue une place attrayante pour les entreprises technologiques chinoises, au point pour certaines (dont Alibaba) d’y établir une seconde cotation. Mais les PME éprouvent souvent des difficultés pour lever des fonds auprès des banques, en particulier dans le contexte actuel de ralentissement économique.
La Bourse de Pékin se présente comme une solution pour le financement d’entreprises innovantes mais dont la petite taille pouvait être jusqu’à présent un frein pour attirer des capitaux.
– « Réduire la dépendance » –
Lundi, au premier jour de cotation, les actions de plus de 80 entreprises ont commencé à s’échanger sur cette place.
« La Bourse de Pékin doit permettre aux entreprises technologiques chinoises de lever des fonds plus facilement, au moment où elles font face à davantage de contraintes réglementaires aux Etats-Unis », relève pour l’AFP l’analyste Rajiv Biswas, du cabinet IHS Markit.
Dans le centre de Hong Kong, des écrans informent de l’évolution des cours de la Bourse de Hong Kong, le 5 novembre 2021 (AFP/Archives – ISAAC LAWRENCE)
L’an dernier, l’ex-administration Trump avait interdit aux Américains d’investir dans des entreprises chinoises considérées comme fournissant ou soutenant l’armée chinoise. Depuis son arrivée cette année à la Maison Blanche, Joe Biden n’a pas levé ces mesures.
La Bourse de Pékin vise également à « réduire la dépendance » des PME vis-à-vis des banques pour leurs prêts, au moment où le régime cherche à réduire le surendettement de son système financier, souligne M. Biswas.
« Une entreprise sans apport en capitaux restera toujours une PME », remarque un entrepreneur, Liang Yuankai. »Pour grossir, elle a besoin d’un soutien » financier comme celui de la Bourse de Pékin, qui est « une excellente opportunité pour décoller », se réjouit M. Liang.
L’ouverture de cette nouvelle place financière s’est faite dans une relative discrétion. Les médias officiels ont fait l’impasse sur le direct et la presse étrangère n’a pas été conviée.
– En quête de crédibilité –
Les cours à la Bourse de Pékin ne peuvent fluctuer au quotidien de plus ou moins 30%. Résultat: les cotations de dix sociétés dont les actions avaient bondi lundi de 60% dans les premiers échanges ont été suspendues, d’après les médias d’Etat.
Des écrans d’infomations boursières dans une société de courtage de Shanghai, le 24 septembre 2021 (AFP/Archives – Hector RETAMAL)
La plupart des compagnies cotées à la nouvelle Bourse le sont déjà sur le NEEQ, une plateforme boursière d’échanges de gré à gré et destinée aux PME. Lancée en 2012, elle permet à ces entreprises de lever des fonds avant d’être cotées sur une grande Bourse.
La Chine a déjà lancé ces dernières années de nouvelles places boursières locales afin d’améliorer le financement des PME, notamment en 2019 avec le « STAR Market », un « Nasdaq chinois » consacré aux valeurs technologiques.
Mais la Bourse pékinoise permet en théorie de traiter plus rapidement les demandes d’introduction. Toutefois, le succès de la place boursière sur le long terme « reste à voir », estime Hong Hao, analyste au sein du cabinet Bocom International. »Il faut que les entreprises cotées soient crédibles pour susciter suffisamment d’intérêt », souligne-t-il.
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