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Crise des migrants : sous la pression de l’Europe, Loukachenko joue l’apaisement

Des centaines de migrants font face aux soldats biélorusses, à la frontière avec la Pologne, le 14 novembre 2021. OKSANA MANCHUK / AP

Alexandre Loukachenko, le dictateur biélorusse, s’est entretenu par téléphone durant une cinquantaine de minutes avec la chancelière allemande, Angela Merkel, rapportait, lundi 15 novembre au soir, l’agence de presse étatique Belta. Les deux dirigeants ont, selon un porte-parole du gouvernement allemand, évoqué « la situation difficile » à la frontière polonaise, où de 2 000 à 3 000 migrants et réfugiés venus essentiellement du Moyen-Orient, instrumentalisés par les autorités de Minsk, tentent en vain, depuis des jours, de pénétrer sur le territoire de l’Union européenne (UE). La chancelière et le président auraient aussi parlé de l’aide humanitaire à apporter à ces personnes, dont huit au moins sont déjà décédées.

C’est la première fois que M. Loukachenko conversait avec un responsable européen depuis le début de la crise migratoire et, au-delà, depuis l’été 2020, quand il a déclenché une violente répression à la suite de sa réélection contestée, qu’aucun pays de l’UE n’a reconnue. Lundi toujours, le président, accusé d’avoir organisé un vaste mouvement de migrants (de 20 000 à 30 000 d’entre eux auraient débarqué à Minsk) pour se venger des sanctions européennes prises contre lui et son pays, a déclaré vouloir assurer le retour de ces personnes « chez elles ». Un « travail actif » serait en cours pour tenter de les convaincre. La plupart d’entre eux refuseraient toutefois l’option d’un retour.

Nouveau coup de bluff ou véritable revirement du dirigeant biélorusse ? Réunis à Bruxelles, les ministres des affaires étrangères des Vingt-Sept s’en sont, en tout cas, tenus à leur programme, en notant au passage que M. Loukachenko leur promettait toujours des « représailles » et jugeait « absurdes » leurs accusations. Les nouvelles sanctions, basées sur un nouveau critère – l’instrumentalisation de la migration pour en faire un outil d’attaque « hybride » – seront précisées et annoncées dans les prochains jours. Elles viseront des personnes physiques et morales.

Selon Josep Borrell, le haut représentant pour la politique étrangère et de sécurité, ces mesures restrictives concerneront aussi des compagnies aériennes et des opérateurs du secteur touristique biélorusses, ainsi que des agences de voyage du Proche-Orient. Après la Turquie, les autorités des Emirats arabes unis ont en tout cas indiqué lundi que leurs compagnies n’embarqueraient plus de Syriens, Irakiens, Afghans ou Yéménites vers Minsk.

« L’Europe n’est pas impuissante »

« C’est le signe que l’Europe n’est pas impuissante et que ses menaces de sanctions ont porté », relève Pawel Zerka, chercheur au think tank European Council on Foreign Relations. Ce spécialiste invite cependant à la vigilance : « Même si les choses finissent par se calmer l’Europe ne sera pas en sécurité tandis que le dictateur Loukachenko, qui joue sa survie, restera en place. Il faudra accroître les sanctions économiques. »

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