Analyse. Bruxelles lui a réservé un accueil de chef d’Etat. Six commissaires européens, une conférence de presse internationale, une rencontre avec le chef du puissant groupe conservateur au Parlement européen… Le tout nouveau chef de l’opposition hongroise, Peter Marki-Zay, qui a été désigné à l’issue d’une primaire inédite entre six partis allant de la gauche à une formation issue de l’extrême droite pour affronter Viktor Orban aux législatives de 2022, a visiblement suscité, mercredi 10 et jeudi 11 novembre, des espoirs inédits dans les cercles européens.
Traumatisés par douze années de bras de fer avec le leader nationaliste auteur des pires reculs démocratiques depuis 1989 dans ce pays d’Europe centrale, ceux-ci se réjouissent que ce maire d’une petite ville de province, aux convictions à la fois conservatrices et pro-européennes, puisse réconcilier les Hongrois avec l’Europe. Ce fervent catholique de 49 ans, père de sept enfants, a remporté la primaire face à plusieurs candidats de gauche, en convainquant qu’il avait le meilleur profil pour battre M. Orban, celui-ci se vantant d’être lui-même le seul défenseur d’une Hongrie « conservatrice et chrétienne ».
Le chemin de M. Marki-Zay vers le pouvoir est encore long et incertain face à la puissance de la machine électorale du premier ministre d’extrême droite, mais cet ingénieur en électricité et marketing de profession est d’ores et déjà le symbole d’une vague réelle en Europe centrale. Après des années de régression imposée par les théoriciens de la « démocratie illibérale », ce concept forgé par M. Orban pour désigner son régime hybride, une nouvelle droite émerge dans la région. Elle est à la fois pro-européenne, anticorruption, croyante et conservatrice sur les questions de société, à commencer par l’immigration, mais aussi prête à s’allier avec la gauche.
Grandes manœuvres
Cette tendance est particulièrement lourde dans le groupe de Visegrad, cet ensemble de quatre pays (Hongrie, Pologne, République tchèque et Slovaquie) qui ont économiquement largement profité de l’Union européenne, avant d’en devenir des contempteurs politiques dans la foulée de la crise des réfugiés de 2015. Ainsi, le 11 novembre, le premier ministre populiste tchèque, Andrej Babis, a démissionné de son poste. Après avoir fait campagne main dans la main avec M. Orban contre « Bruxelles et les migrants », ce milliardaire accusé de corruption et de multiples conflits d’intérêts par la Commission européenne a essuyé une défaite aux élections législatives, début octobre, face à Petr Fiala.
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